Jérôme Cahuzac renonce à son mandat de député
C'est la règle : Jérôme Cahuzac, après sa démission du gouvernement le 19 mars dernier, avait un mois, soit jusqu'à vendredi, pour décider s'il allait conserver ou lâcher son siège de député de l'Assemblée nationale. Claude Bartolone, le président de l'Assemblée, interrogé par France Info, avait affirmé que l'ancien ministre, mis en examen, avait l'intention de revenir dans l'hémicycle. Provoquant de vives réactions à droite, comme dans sa famille politique.
"Un retour dans la vie politique me paraît peu probable... et je le dis avec tristesse"
Mais l'élu de la 3e circonscription du Lot-et-Garonne a manifestement revu sa position en fin de semaine dernière, confiant à l'un de ses amis, le député PS, Dominique Lefebvre, qu'il démissionnerait. Ce mardi, à 15h45, Claude Bartolone pourtant affirmait ne toujours rien savoir. C'est chose faite : sur BFM-TV et RMC, il a annoncé que "la gravité de [sa] faute morale, ne lui permettait pas de rester parlementaire ". L'ancien ministre a également estimé que son "retour en politique [lui] paraî [ssai]t peu probable... et je vous le dis avec tristesse ".
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"Folle erreur" et "Part d'ombre"
Dans cet entretien, l'ancien ministre du Budget, a admis "une folle bétise, une folle erreur ", commise il y a 20 ans, allusion à son compte bancaire non déclaré à l'étranger. "Sa part d'ombre ", dira-t-il également. Puis il concède une autre faute "en acceptant le ministère du Budget ". "J'aurais dû avoir la force d'âme de refuser ".
Jérôme Cahuzac tente d'expliquer l'inexplicable. "J'ai cru qu'en travaillant comme j'ai pu le faire, j'ai cru que ce travail ardent, sincère, me permettrait de repousser cette part d'ombre ". Et d'évoquer ses états d'âme qui l'ont poussé in fine, le 2 avril, à tout avouer : "Après ma démission du gouvernement, je comprends qu'il faut cesser avec cette situation malsaine. Le fait que je me consume littéralement à l'intérieur, en décembre, janvier, février, en mars. Car cette contradiction interne, je ne la supporte plus ".
"600.000 euros oui, le reste non"
Mais, Jérôme Cahuzac, dans cet entretien-confession, s'est aussi défendu. Il a confirmé la somme de 600.000 euros placées à l'étranger. "600.000 oui, le reste non ", a-t-il répondu, ajoutant que la somme de 15 millions d'euros évoquée ces dernière semaines, n'avait "rien à voir avec la réalité " et que "la procédure judiciaire le prouvera [it]".
D'où provenaient ces fonds ? "De mon travail ", a-t-il assuré, soit "d'une activité légale auprès d'entreprises de santé et de laboratoires pharmaceutiques ". Et d'ajouter que non, "il n'y avait pas de relations troubles " avec ces laboratoires, quand il était au ministère de la Santé de Claude Evin en 1991. "Pas de confusion des genres, ni de conflit d'intérêts ".
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"J'ai menti aussi" à Ayrault et Hollande
"Ce compte n'a jamais servi à financer de campagne du PS ", a-t-il par ailleurs affirmé. Le Premier ministre, le Président, savaient-ils ? "Je ne leur ai jamais rien dit. À eux aussi, j'ai menti ". Jérôme Cahuzac de préciser néanmoins qu'il ignore "quel était le degré de connaissance [de François Hollande] de cette affaire ", après les révélations de Mediapart le 4 décembre.
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Évoquant justement les journalistes de Mediapart, Jérôme Cahuzac a estimé que leurs méthodes lui semblaient "contestables", qu'ils avaient "puissamment contribué à dévaster" sa vie. "Mais ce ne sont pas ces journalistes-là qui sont responsables de la situation dans laquel je vis , a-t-il conclu. Le responsable, c'est moi ".
Jérôme Cahuzac s'explique, se justifie, s'excuse, mais est somme toute peu bavard sur le fond de l'affaire. Il réserve manifestement ses explications aux juges Van Ruymbecke et Le Loire, dont on apprend qu'il les a revus depuis sa première audition, il y a quinze jours.
Et maintenant ?
Depuis la réforme constitutionnelle de juillet 2008, un ministre démissionnaire retrouve automatiquement son mandat de député. Sauf s'il y renonce, comme dans ce cas. Ce qui conduit alors à l'organisation d'une élection partielle.
Ce prochain scrutin est d'ailleurs risqué pour le PS dans la circonscription de Villeneuve-sur-Lot. Jérôme Cahuzac avait été élu une première fois en 1997, avant de perdre son siège en 2002, puis de le regagner en 2007 et juin 2012.
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