Jusqu’à cinq ans ferme contre les "leaders" des émeutes d’Amiens-Nord
Les images des voitures et des bâtiments incendiés des quartiers nord sont encore dans toutes les mémoires à Amiens. Pour leur participation à cette nuit d’émeutes et de violence, en août 2012, le tribunal correctionnel d'Amiens a condamné ce vendredi six jeunes à des peines allant de 12 mois, dont un ferme, à 5 ans d'emprisonnement ferme pour des dégradations et des violences.
Ces condamnations sont légèrement supérieures aux réquisitions du parquet pour deux d'entre eux, mais inférieures pour deux autres. Elles ont été accueillies avec des cris dans la salle, venant de proches des prévenus : "Vive la justice, il n'y a pas de justice en France ".
"Le contexte n'explique pas ce déchaînement de violences"
Le parquet a estimé qu’ils étaient les "leaders " des violences qui ont embrasées la ville et avait requis jusqu’à cinq ans de prison ferme. Les peines les plus lourdes ont été prononcées à l’encontre de deux des six prévenus, âgés de 23 à 28 ans, considérés comme les "instigateurs " des émeutes. "Le contexte - la souffrance d'un quartier, le deuil d'une personne - ne peut expliquer à lui seul ce déchaînement de violences. Des personnes s'en sont servi et en ont embrigadé d'autres (...). On ne me fera pas croire que ce qui s'est passé, c'est suite à un coup de colère car les violences ont été préparées dès le 12 août, avant ce fameux contrôle routier ", a déclaré la magistrate, Emmanuelle Puyobrau. Les deux prévenus ont respectivement été condamnés à cinq ans d'emprisonnement ferme, et cinq ans de prison, dont quatre ferme. Le tribunal a également décerné un mandat d'arrêt à leur encontre.
Les quatre autres prévenus étaient soupçonnés d'avoir participé à l'achat d'armes utilisées contre les forces de l'ordre. Ils ont été reconnus coupables de complicités de violences volontaires sur les forces de l'ordreet ont été condamnés à des peines allant de 12 mois, dont un ferme, à trois ans dont deux ferme.
Une condamnation "sur des rumeurs"
Du côté de la défense, les avocats ont plaidé pour la relaxe de leurs clients. Ils se sont appuyés sur la fragilité des témoignages anonymes, nombreux dans cette affaire, parlant d'un "dossier vide ". "Est-ce qu'il y a des témoins qui ont vu (mon client) brûler des écoles, jeter des cailloux sur les policiers ? Vous n'avez rien (...). Vous ne pouvez pas condamner sur des rumeurs, simplement des rumeurs ", a exhorté Me Messaouda Yahiaoui. Parmi la centaine de personnes qui ont participé aux émeutes, "vous n'en avez que quelques uns et ce ne sont pas les meneurs ", a insisté un autre avocat, Me Daquo.
Les violences avaient éclaté dans la nuit du 13 au 14 août 2012, dans ce quartier classé en zone de sécurité prioritaire (ZSP). La veille, un contrôle de police avait été effectué à proximité d'une cérémonie en hommage à un jeune du quartier décédé dans un accident de moto. Le lendemain, on comptait 17 policiers blessés et plusieurs bâtiments publics incendiés, pour un préjudice d'un million d'euros.
Le premier procès des émeutes s’est tenu au début de cette semaine, devant le tribunal des enfants. Il concernait cinq jeunes prévenus, aujourd'hui âgés de 16 à 19 ans, accusés de dégradations, d'incendies volontaires et de violences volontaires avec arme sur les forces de l'ordre. Ils ont été condamnés à des peines allant de quatre mois avec sursis à 30 mois d'emprisonnement, dont 24 ferme. Un troisième procès aura lieu en correctionnelle les 5 et 6 juin pour complicité ou pour dissimulation de preuves dans le volet concernant les tirs contre les policiers.
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