Justice, écoles, police : les députés et sénateurs de Seine-Saint-Denis à Matignon pour plaider la cause des moyens supplémentaires
Les parlementaires de Seine-Saint-Denis ont rendez-vous avec le Premier ministre Édouard Philippe mercredi pour évoquer la situation du département qu'ils estiment sous-doté.
Tous les députés et sénateurs de Seine-Saint-Denis sont invités à Matignon mercredi 26 septembre pour évoquer le rapport d’enquête parlementaire qui pointe des inégalités de traitement pour les moyens des écoles, de la police et de la justice dans le département, en particulier au tribunal de Bobigny.
Ce rapport, rendu il y a quatre mois, est sans appel : les difficultés du département et de ses habitants persistent, voire s’aggravent, malgré la mise en œuvre de politiques dites prioritaires. Par exemple, les délais d’attente pour les justiciables peuvent être cinq fois plus long en Seine-Saint-Denis qu’à Paris.
Au tribunal de grande instance de Bobigny, les problèmes s'accumulent. Il y a d'abord les petits tracas habituels de la justice. "Je me suis présenté à l'accueil, ils m'ont dit d'attendre. Normalement, c'était prévu à 13h30, il est 15h25, j'attends toujours", raconte un habitant. Bintou, elle, a été convoquée pour un délit commis en 2013. "J'ai eu une première convocation début 2018, et là, j'ai ma sanction qui est tombée", témoigne cette jeune femme de Sarcelles.
Sous-dimensionnement chronique
Ce cas n'est pas isolé au tribunal de Bobigny, qui est pourtant le deuxième plus grand tribunal de France. Il souffre d'un sous-dimensionnement chronique. Le point de rupture a été atteint il y a deux ans. "En 2016, on était tellement en sous-effectif qu'on a dû supprimer 36 audiences par mois", explique Sophie Combes, magistrate et vice-présidente du tribunal. "On était quasiment en état de cessation d'activité."
Le problème des postes de magistrats a, depuis, été réglé, mais le tribunal souffre aussi de problèmes d'entretien. Construit en 1987, l'immense bâtiment de béton, mêlant fenêtres en acier bleu et briques rouges, est victime d'infiltrations d'eau, ses toilettes sont régulièrement condamnées.
L'an dernier, pendant trois semaines, il n'y a pas eu de chauffage au tribunal pour enfants.
Cyril Papon, greffier et syndiqué CGTà franceinfo
La Seine-Saint-Denis serait-elle oubliée par Paris ? C'est ce que semble dire l'avocat Stéphane Maugendre. "On a un palais de justice [de Paris] absolument gigantesque, qui coûte un pognon de dingue", ironise-t-il. Pour moi c'est un choix politique, depuis très longtemps. Jusqu'où ça va pouvoir tenir, on ne sait pas."
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