La justice tunisienne ordonne la remise en liberté de la militante Femen Amina
"Elle sera libre dans quelques heures, je ne m'y attendais pas ". Cette déclaration faite à l'AFP par Halim Meddeb, l'avocat d'Amina Sbouï, illustre l'étonnement que suscite le retournement de situation vécu par la jeune femme ce jeudi. La chambre d'accusation du tribunal de Sousse a ordonné sa remise en liberté conditionnelle.
La militante Femen tunisienne, âgée de 19 ans, va en effet pouvoir retrouver la liberté, pour la première depuis le 19 mai dernier. Elle avait été arrêtée pour avoir tagué le mot "Femen" sur le muret d'un cimetière de Kairouan, en réaction à une manifestation salafiste. Depuis, inculpée pour "profanation de sépulture", elle attend toujours son procès derrière les barreaux et risque deux ans de prison.
"C'est un soulagement, cela prouve qu'une partie de la justice tunisienne au moins est indépendante" (Ghazi Mrabet, avocat d'Amina)
La jeune femme, qui s'est fait connaître à travers des photos diffusées sur le web en mars dernier, arborant sur son torse dénudé des slogans féministes, avait déjà connu au début de la semaine une première victoire judiciaire. Elle avait obtenu devant le tribunal un non-lieu dans son procès pour "outrage à un fonctionnaire" ; quelques semaines plus tôt, Amina s'était élevée contre une punition infligée à une co-détenue.
Le sort de la jeune militante a ému bien au-delà des frontières tunisiennes. Des personnalités et associations ont multiplié ces derniers mois les actions de soutien. En premier lieu le mouvement Femen ; trois de ses militantes ont été incarcérées plusieurs semaines à Tunis pour avoir protesté seins nus devant le tribunal. La leader du mouvement, Inna Shevchenko, a d'ailleurs exprimé toute sa joie sur Twitter à l'énoncé de la décision judiciaire ce jeudi après-midi.
("Amina est libre, jusqu'au procès. Nous avons gagné ! ")
La libération d'Amina a également été saluée par la ministre des Droits des Femmes, et porte-parole du gouvernement, Najat Belkacem.
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