Le débat sur l'euthanasie au coeur du procès Bonnemaison
C'est un procès hors norme qui s'ouvre devant la cour d'assises des Pyrénées-Atlantiques à Pau : plus de 70 témoins vont défiler à la barre tandis que le banc des parties civiles devrait rester quasiment vide. Car aucune des sept familles concernées n'a déposé plainte et une seule s'est portée partie civile.
Nicolas Bonnemaison, 53 ans, est accusé d'avoir empoisonné sept patients en fin de vie -cinq femmes et deux hommes- entre mars 2010 et juillet 2011, alors qu'il était urgentiste à l'hôpital de Bayonne. Deux autres cas suspects ont été écartés par l'instruction. Les faits ont été dénoncés par des infirmières et une aide-soignante avant d'être signalés au procureur de la République par le directeur de l'hôpital.
"Il a hâte de s'expliquer devant ses juges"
Nicolas Bonnemaison n'a jamais nié les faits et a admis leur gravité mais a également souligné avoir agi dans le seul but d'abréger les souffrances de ses patients. "Il assume ses actes et il a hâte de s'expliquer devant ses juges. Il ne se considère pas comme un empoisonneur et, durant le procès, on va poser les bonnes questions sur ce vaste sujet qu'est l'euthanasie ", dit un de ses avocats, Benoît Ducos-Ader.
Nicolas Bonnemaison a été radié par le Conseil national de l'ordre des médecins. Il lui est reproché d'avoir pris la décision seul sans l'avis du patient ou de sa famille et du personnel soignant, hors du protocole légal défini par la loi Leonetti, et d'avoir administré des substances létales alors que la loi prévoit seulement la suspension des soins et l'administration de médicaments soulageant la souffrance. Selon l'enquête, le médecin aurait utilisé un psychotrope, l'Hypnovel, et une substance utilisée en anesthésie, le Norcuron, qui provoque la paralysie des muscles respiratoires.
Nouvelle loi sur l'euthanasie : promesse de campagne de Hollande
Ce procès devrait donc illustrer le débat de société brûlant que représente l'euthanasie. La loi qui porte le nom du député UMP Jean Léonetti encadre depuis 2005 les conditions de la fin de vie en interdisant l'acharnement thérapeutique mais n'autorise pas l'euthanasie. François Hollande avait promis une nouvelle loi pendant la campagne présidentielle.
Le débat est tel en France que plus de 250 médecins ont dénoncé dans une lettre ouverte à François Hollande la radiation du docteur Bonnemaison, qui a par ailleurs reçu le soutien de 60.000 personnes signataires d'une pétition en sa faveur. Le verdict devrait être rendu le 27 juin. Nicolas Bonnemaison risque la réclusion criminelle à perpétuité.
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