Le procès du Mediator s'ouvre (à nouveau) à Nanterre
Pendant trente ans
les laboratoires Servier ont vendu 145 millions de boîtes de Mediator en France.
Un médicament prescrit dans le cadre de traitements antidiabétiques, mais aussi
comme coupe-faim. Trois millions de personnes en ont pris sans se douter qu'en
avalant ces comprimés, une substance toxique allait se diffuser dans leur sang :
la norfenfluramine, une molécule qui avait déjà entraîné l'interdiction en 1997
de deux coupe-faim de Servier, l'Isoméride et le Pondéral.
Pourquoi dans ces
conditions le Mediator a-t-il pu être commercialisé jusqu'en 2009 ? Tout
simplement, disent les experts : Servier aurait dissimulé le rôle de la
norfenfluramine dans les documents scientifiques relatifs au Mediator. D'où ce
soupçon de tromperie. Jacques Servier s'en défend. Il s'en expliquera devant le
tribunal de Nanterre. Sauf si son avocat réussit une nouvelle fois à faire
reporter le procès.
Après avoir pris place en début d'après-midi sur le banc des prévenus, sans faire de déclaration, Jacques Servier, 91 ans, a quitté l'audience deux heures après la reprise du procès, sans que son avocat ne donne plus de précisions.
"Ce que souhaitent
nos clients, c'est que Jacques Servier ne meure pas innocent" (Me François
Honnorat)
Saisi de citations
directes, le tribunal correctionnel de Nanterre doit en effet juger cette
affaire alors qu'une instruction est en cours au Tribunal de grande instance de
Paris.
Face à cette situation
inédite, la défense, qui avait obtenule renvoi du procès en mai 2012,
soulèvera mardi des questions de procédure et demandera soit l'annulation des
citations directes, soit un complément d'information.
Les parties civiles sont
divisées sur la question. Celles qui sont à l'origine des citations directes
espèrent la tenue du procès tandis que d'autres entendent demander un sursis à
statuer tant que l'instruction parisienne n'est pas close. De nouvelles mises
en examen, parmi lesquelles celles du numéro deux des laboratoires Servier, de
leur ancien pharmacien, ou encore de deux anciens salariés de l'Agence de
sécurité du médicament et des produits de santé ont récemment été prononcées.
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