Liste d'avocats "à éliminer" : "C'est la première fois que je vois une telle liste circuler", réagit le bâtonnier de Paris qui se dit "profondément choqué"

Pierre Hoffmann annonce avoir saisi la procureur de la République de Paris.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Le site d'extrême droite Réseau libre a publié, mercredi 3 juillet, un article recensant une centaine d'avocats "à éliminer". (NICOLAS GUYONNET / HANS LUCAS via AFP)

Le bâtonnier de Paris, Pierre Hoffmann, s'est dit "profondément choqué" jeudi 4 juillet sur franceinfo, après la publication d'une liste d'avocats "à éliminer" sur le site d'extrême droite Reseau-libre.org. 98 noms, surnommés "les factieux", sont inscrits dans cet article nommé "liste (très partielle) d’avocats à éliminer". L'auteur de l'article appelle à "envoyer dans un fossé ou dans un stade ces avocats (qui) déclarent déjà ne pas respecter le verdict des urnes en cas de victoire du RN."

Le ministre de la Justice, Éric Dupond-Moretti, a condamné sur X (anciennement Twitter) "avec la plus grande fermeté la publication". Le garde des Sceaux estime que "ceux qui veulent la mort de nos libertés commencent toujours par s’en prendre aux avocats. Je ne les laisserai jamais faire", promet-il. Au lendemain de la publication de cette liste, Pierre Hoffmann, bâtonnier de Paris, a aussi tenu à dire sur franceinfo son incompréhension et sa colère face à ce type de publication haineuse.

franceinfo : C'est un site assez confidentiel qui publie ces menaces, il vous semble néanmoins impératif de réagir ?

Pierre Hoffmann : Je suis profondément choqué qu'en 2024 une "liste d'avocats à éliminer" puisse circuler et sachez que j'ai immédiatement saisi Madame la procureur de la République de Paris pour dénoncer ces faits extrêmement graves.

Qu'est-ce qui vous marque dans ces menaces ?

S'en prendre aux avocats, s'en prendre aux journalistes, à ceux qui défendent nos libertés fondamentales est une atteinte intolérable à notre démocratie. En tant que bâtonnier de Paris, c'est la première fois que je vois une telle liste circuler. Mon devoir en tant que bâtonnier de Paris est de défendre, protéger et soutenir tous les avocats.

Est-ce que ça traduit une inquiétude dans votre profession, peut-être plus large ?

L'inquiétude est un peu générale. Tous les Français la ressentent. Mais ce que je peux vous dire, c'est que justement, toucher aux professions juridiques, toucher aux journalistes est peut-être un curseur un tout petit peu plus élevé, ce qu'on n'avait pas vu auparavant dans notre démocratie.

Vous parlez d'inquiétudes plus générales. Est-ce que le climat ambiant vous semble menaçant pour les libertés publiques en général ?

On est dans un contexte d'élections. Il y a une tension extrême dans le pays, on le ressent, et là, c'est le citoyen qui vous parle. Effectivement, il y a une tension qui est à son paroxysme.

Ça va au-delà, selon vous, de la période électorale, la remise en cause d'institutions, de corps intermédiaires ou de professions comme celle du monde de la justice ?

Vous savez, c'est une réponse graduée depuis plusieurs années. Mais là, ce qu'on ressent, c'est un climat effectivement délétère. S'en prendre aux journalistes, s'en prendre aux corps intermédiaires, au Conseil constitutionnel, à la Cour européenne des droits de l'homme, aux décisions qui ont été rendues… Ce sont des choses qui n'apparaissaient pas dans le domaine public il y a quelque temps. Et c'est à nous, justement, vigies des libertés, de faire attention.

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