Cet article date de plus de dix ans.

Marcel Guillot, 93 ans, condamné à 10 ans de prison pour un crime passionnel

Celui qui est surnommé "Papy Marcel" avait tué en 2011 une octogénaire pour qui il ressentait "un certain béguin", dit-il, et qui l'avait éconduit.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Marcel Guillot (au centre), entourés de ses deux avocats, lors de son procès devant la cour d'assises de la Marne, à Reims, le 28 mars 2014. (CHRISTIAN LANTENOIS / AFP)

C'est le détenu le plus âgé de France. Marcel Guillot, 93 ans, surnommé "Papy Marcel", a été condamné vendredi 28 mars par la cour d'assises de la Marne à dix ans de réclusion pour avoir tué une octogénaire par dépit amoureux, en 2011. L'avocate générale avait requis vendredi en fin de matinée 18 ans de réclusion criminelle à l'encontre de Marcel Guillot, qui encourait la perpétuité.

De quoi était-il accusé ?

Jugé depuis mercredi pour "meurtre sur personne vulnérable", Marcel Guillot a été finalement reconnu coupable de "coups mortels sur personne vulnérable avec préméditation".

Le 7 décembre 2011, le corps de Nicole El Dib, 82 ans, qui présentait de nombreuses traces de coups violents et de strangulation, avait été retrouvé dans le ruisseau qui traverse sa propriété près du village de Saint-Gilles (Marne). Confondu par l'analyse ADN de traces de sang retrouvées sur sa montre abandonnée sur la scène de crime, le vieil homme avait expliqué devant les enquêteurs qu'il avait été humilié par la victime, pour qui il ressentait "un certain béguin". Il s'était alors rendu chez elle de nuit pour lui infliger une correction, une "rompée" avait-il dit aux enquêteurs.

Quelques mois avant les faits, la victime s'était retrouvée seule dans sa propriété, à la suite de l'hospitalisation de son mari, atteint de la maladie de Parkinson, mort depuis. L'octogénaire avait alors convié Marcel Guillot le temps d'engager un gardien. Après un séjour d'environ trois semaines au cours de l'été 2011, Nicole El Dib l'aurait alors congédié sans ménagement avant de lui confirmer ultérieurement sa décision de ne plus jamais le recevoir.

"Ce n'est pas 'Papy Marcel' qu'on juge, mais un homme qui a exécuté Madame El Dib après lui avoir infligé des sévices d'une rare violence", avait estimé l'avocat des parties civiles, auprès du Monde. L'avocat rappelle aussi que Marcel Guillot était présent lors des obsèques de Nicole El Dib et "a cyniquement présenté ses condoléances à la famille", rapporte France 3 Champagne-Ardenne

Comment s'est déroulé le procès ?

Pendant le procès, Marcel Guillot, la plupart du temps isolé des débats par sa surdité, s'est muré dans le déni, répétant qu'il n'avait jamais frappé la victime qui s'était tuée toute seule en glissant sur un tapis avant de heurter une armoire. Il est apparu "l'air hagard dans la salle d'audience, se déplaçant avec difficulté, soutenu par des agents pénitentiaires", rapporte Le Monde.

"Je voulais savoir pourquoi elle refusait de me voir, (...) je ne comprends pas, on a toujours été bien ensemble. Je ne l'ai pas tapée, c'était ma petite amie", a-t-il seulement expliqué à la barre.

A l'énoncé du verdict, le président de la cour a expliqué que les jurés avaient "émis un doute sur sa conscience et sa volonté exacte de tuer au moment des faits""Il s'est rendu chez la victime en laissant exploser sa fureur, l'intention criminelle ne fait aucun doute", a estimé l'avocate générale dans son réquisitoire, fustigeant l'accusé qui n'a exprimé "aucun regret ni aucune compassion envers celle qu'il appelait pourtant son amie".

Lancez la conversation

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour commenter.