: Témoignage franceinfo Marika Bret, la DRH de "Charlie Hebdo", obligée de quitter son domicile après des menaces
Ses agents de sécurité lui ont dit qu'elle ne pourrait probablement plus jamais y vivre.
"C'était il y a une semaine, lundi dernier, en sortant du tribunal. Les officiers de sécurité m'ont annoncé que j'avais dix minutes pour préparer un sac et quitter mon domicile parce que ma sécurité n'y était plus assurée", a raconté lundi 21 septembre sur franceinfo Marika Bret, responsable des ressources humaines de Charlie Hebdo. Elle assiste au procès des attentats de 2015 qui se déroule en ce moment devant la cour d'assises spéciale, au Palais de justice de Paris.
Quand on lui demande de quitter son domicile en urgence, Marika Bret ne perd pas de temps. "Ça fait cinq ans que je suis protégée par des officiers de sécurité. Ce genre de choses, ça ne se discute pas, je fais confiance en leur compétence, confie-t-elle. Ils m'ont expliqué que probablement je ne réintégrerais jamais mon domicile. C'est difficile à digérer [même si] j'ai intégré l'idée que j'allais déménager."
"Je suis partie chez des amis, heureusement que je suis bien entourée. Je suis arrivée en leur disant que j'étais réfugiée politique chez eux pour mettre un peu d'humour. C'est ce que m'ont appris des gens comme Cabu, ou Charb", glisse la responsable RH de Charlie Hebdo. Elle tente de garder le sourire dans ce contexte pesant du procès qui fait remonter des souvenirs douloureux.
Ce n'est pas tant ma petite personne qui est intéressante que de montrer dans quel climat de haine nous nous trouvons et quelles sont les conséquences d'un tel climat.
Marika Bretà franceinfo
Ces menaces la ramènent à l'ambiance qui a toujours entouré l'hebdomadaire satirique : "Charlie n'a jamais cessé de recevoir des menaces. On est dans cette anormalité-là depuis cinq ans et j'avoue que pendant le procès, c'est particulièrement dur". Marika Bret fait aussi part de son "effarement face à ce déchaînement haineux qui continue encore et qui se ravive ici pendant le procès".
Marika Bret fait partie de ceux qui ont relancé l'hebdomadaire en 1992. Elle a vécu avec Charb "quinze ans de relations non-officielles", a-t-elle raconté au procès des attentats de 2015 qui se déroule en ce moment.
"C'est le procès Charlie, Montrouge, Hyper Cacher, mais c'est un procès historique, politique. Parce que la laïcité et la liberté d'expression ont été atteintes dans leur cœur, parce que notamment ce journal a plus que défendu ces valeurs-là", assure-t-elle. Marika Bret a un message à faire passer : "Réagissez, parce que ce qui s'est passé, les 7, 8 et 9 janvier 2015, ça a commencé bien avant et ça continue son chemin", parce qu'on vit dans une "société de plus en plus à vif sur le moindre sujet. C'est une société où le rire n'est plus accepté, où la moquerie et l'humour, qui sont un mode d'expression et de réflexion on ne peut plus pacifistes, ne sont pas compris comme tels, sont déformés volontairement."
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