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Procès Xynthia : l'ancien maire de La Faute-sur-Mer condamné à quatre ans de prison ferme

René Marratier a annoncé son intention de faire appel. La justice estime qu'il a intentionnellement occulté les risques d'inondation dans sa commune, où 29 personnes ont trouvé la mort lors du passage de Xynthia, en 2010.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Publié Mis à jour
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L'ancien maire de la Faute-sur-Mer René Marratier, le 17 octobre 2014, aux Sables-d'Olonne (Vendée). (JEAN-SEBASTIEN EVRARD / AFP)

Le verdict va au-delà des réquisitions du parquet. Dans le procès Xynthia, l'ancien maire de La Faute-sur-Mer (Vendée) a été condamné à quatre ans de prison ferme pour "homicides involontaires" par le tribunal correctionnel des Sables-d'Olonne, vendredi 12 décembre. René Marratier a annoncé son intention de faire appel, comme le rapporte le journaliste de France 2 Dominique Verdeilhan, présent sur place.

Des risques d'inondation "intentionnellement occultés"

29 personnes  ont trouvé la mort dans la nuit du 27 au 28 février 2010, sur la commune de la Faute-sur-Mer, lors du passage de la tempête Xynthia. La plupart des victimes ont péri noyées dans des maisons de plain-pied qui auraient dû comporter un étage, en raison du risque de submersion de la digue censée protéger leurs habitations.

Le tribunal a estimé que les anciens élus avaient "intentionnellement occultés" les risques d'inondation pour "ne pas entraver la manne" financière que représentait l'urbanisation, le procureur pointant dans son réquisitoire une "frénésie immobilière" dans cette station balnéaire. Sur France 2, avant l'ouverture du procès en septembre dernier, des rescapés ont livré leur témoignage sur la nuit du drame et le traumatisme qu'elle a laissé.

Deux autres condamnations à de la prison ferme

L'ex-adjointe à l'urbanisme de René Marratier, Françoise Babin, par ailleurs promoteur immobilier et propriétaire de nombreux terrains sur la commune, a été condamnée à deux ans de prison ferme, conformément aux réquisitions. Son fils, Philippe Babin, présidait l'association gérant la digue submergée le soir de la tempête. Poursuivi pour ne pas avoir organisé la surveillance de la structure cette nuit-là, il a été condamné à 18 mois de prison ferme.

"Le tribunal voulait condamner M. Marratier, c'est ce qui ressortait des déclarations du président dès le premier jour", a estimé un de ses avocats. Celui qui a été maire de la commune de 1989 à cette année s'est décrit comme "le lampiste, bouc-émissaire de la situation"Aucun élu n'avait jamais été condamné à de la prison ferme pour homicide involontaire, rappelle une journaliste de France Info.

Le tribunal a également évoqué "un manque de sérieux et de rigueur professionnelle" de la part des services décentralisés de l'État, mais a estimé qu'ils "ne pouvaient pas se substituer au maire de La Faute-sur-Mer". Le seul représentant de l'Etat, Alain Jacobsoone, a été relaxé. Directeur départemental adjoint des territoires et de la mer au moment des faits, on lui reprochait de ne pas avoir averti le maire de la Faute-sur-Mer des dangers de la tempête.

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