Cet article date de plus de huit ans.

Regroupement d'islamistes présumés en prison : "Plus d'inconvénients que d'avantages"

Un bilan du regroupement en détention des personnes radicalisées est rendu public ce mercredi par le contrôleur général des lieux de privation des libertés. Le programme qui doit permettre, à terme, la "déradicalisation" dans 27 établissements pénitentiaires jugés sensibles, est testé au sein de quatre structures en France. Adeline Hazan ne le juge pas satisfaisant.
Article rédigé par Delphine Gotchaux
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
  (Prison de Lille-Annoeullin, quartier dédié aux djihadistes © Sarah ALCALAY/SIPA)

Le contrôleur général des lieux de privation de liberté rend son rapport ce mercredi concernant le modèle "d'unités dédiées" testé depuis février au sein des établissements pénitentiaires de Fresnes, Fleury-Mérogis, Osny et Lille-Annoeullin. Avec ses équipes, Adeline Hazan a rencontré soixante-quatre des soixante-sept détenus qui se trouvaient entre février et mai dans ces structures, et selon elle, le principe du regroupement "présente plus d'inconvénients que d'avantages" . Ce programme doit pourtant se généraliser dans vingt-sept prisons d'ici la fin de l'année, avait annoncé le 15 juin dernier le ministre de la Justice. 

Pour le contrôleur général des lieux de privation de liberté, Adeline Hazan, le ministère de la Justice est confronté à un phénomène dont il n'avait évalué "ni la nature, ni l'ampleur" . Les mesures qui ont été mises en oeuvre l'ont été "dans l'urgence des événèments de janvier et novembre 2015" note-t-elle. 

Et concernant l'étanchéité avec les autres détenus, qui est censée être la base de ces unités dédiées ? "Un voeu pieux" , juge Adeline Hazan, sauf à Lille, en raison de l'architecture particulière du bâtiment.

Des avis divergents côté détenus

Les témoignages de magistrats antiterroristes recueillis par ses équipes soulignent, par ailleurs, le risque d'effet pervers de cette mesure : un juge explique que ce regroupement "peut permettre de renforcer des réseaux de solidarité et que les critères de l'administration pénitentiaire pour mettre les détenus dans ces cellules individuelles à l'écart du reste de la détention ne sont pas toujours fondées" . Quant aux détenus interrogés, ils estiment être stygmatisés "pestiférés" , "isolés" comme s'ils étaient des "virus" , même si certains se félicitent, disent-ils "d'être entre eux" et de bénéficier d'un statut particulier.

A LIRE AUSSI ►►► Secrets d'Info : La déradicalisation en prison

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.