Suicide d'un cardiologue à l'hÎpital Georges-Pompidou : l'AP-HP condamnée à une amende pour harcÚlement moral
L'Assistance publique-HĂŽpitaux de Paris (AP-HP), jugĂ©e en tant que personne morale, a Ă©tĂ© condamnĂ©e mercredi 15 novembre Ă une amende de 50 000 euros pour harcĂšlement moral aprĂšs le suicide en 2015 d'un cardiologue de l'hĂŽpital Georges-Pompidou. "L'AP-HP ne s'est jamais opposĂ©e Ă ce qui a Ă©tĂ© mis en Ćuvre pour isoler le professeur [Jean-Louis] MĂ©gnien", a dĂ©clarĂ© la prĂ©sidente du tribunal lors du dĂ©libĂ©rĂ©.
Cette décision est conforme aux réquisitions du ministÚre public qui avait réclamé en juillet une peine "mesurée" en faisant valoir qu'il s'agissait d'un "dossier individuel" et pas de "harcÚlement institutionnel". Mario Stasi, l'avocat de l'AP-HP, a qualifié cette décision de "fort contestable en droit et en fait" et d'"incompréhensible", en précisant que l'institution allait faire appel.
Dans l'aprĂšs-midi du 17 dĂ©cembre 2015, Jean-Louis MĂ©gnien, un professeur en cardiologie de 54 ans, s'Ă©tait jetĂ© par la fenĂȘtre du 7e Ă©tage de l'hĂŽpital europĂ©en Georges-Pompidou. Il avait repris le travail trois jours plus tĂŽt, aprĂšs neuf mois d'arrĂȘt maladie. Son Ă©pouse avait dĂ©posĂ© une plainte auprĂšs du parquet de Paris qui avait ouvert une enquĂȘte pour harcĂšlement moral, puis une information judiciaire en fĂ©vrier 2016.
"Maltraitances" et "manĆuvres"
Des collĂšgues de ce pĂšre de cinq enfants avaient rapportĂ© sa "descente aux enfers progressive" depuis deux ans. Les "maltraitances" et "manĆuvres" de ses supĂ©rieurs pour que le poste de chef de service de mĂ©decine prĂ©ventive cardio-vasculaire qu'il convoitait lui Ă©chappe et l'organisation de sa "placardisation".
Ils avaient assuré qu'un avertissement sur la souffrance de ce médecin et ses risques suicidaires n'avait pas été pris en compte. "Il a été volontairement isolé, poussé à la faute", a souligné la présidente du tribunal, "et ces faits de harcÚlement ne sont intervenus que par l'action collective de l'AP-HP, la directrice ou par des professeurs".
Principal prévenu dans ce dossier, le professeur Alain S. a été condamné à huit mois de prison avec sursis et 10 000 euros d'amende, tout comme l'ancienne directrice de l'hÎpital de l'époque Anne Costa. Deux autres professeurs ont aussi été condamnés : quatre mois de prison avec sursis et 5 000 euros d'amende pour le premier et 5 000 euros d'amende pour le second. Marie Burguburu, qui défend Alain S., a indiqué à l'AFP que son client allait faire appel.
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