Témoignage "J'avais peur, je me sentais piégée" : l'une des victimes de la secte internationale de yoga tantrique dénonce des scènes de viols

Le gourou de la secte Atman a été arrêté mardi en région parisienne. Il est suspecté d'avoir fait de nombreuses victimes à travers le monde. Une jeune Allemande a accepté de témoigner pour franceinfo.
Article rédigé par Sébastien Farcis
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Gregorian Bivolaru, 1er avril 2004 (STRINGER / AFP)

Accroître son plaisir sexuel et atteindre l’éveil spirituel par l’érotisme : voici la proposition de la fédération de yoga tantrique Atman. Mais derrière ce slogan, se cache une secte multinationale d’origine roumaine, et dont les activités s’étendent de l’Inde à l’Angleterre, en passant par la Suisse. Son chef spirituel, Gregorian Bivolaru, a été arrêté par la police mardi 28 novembre en région parisienne, avec une quarantaine autres membres d’Atman.

En Inde, une victime a accepté de témoigner pour franceinfo. Silke*, une jeune Allemande, est entrée dans la fédération d’Atman par la branche indienne, basée à Rishikesh, au pied de l’Himalaya. Elle n’avait alors que 21 ans et confie avoir été sensible aux discours spirituels et ouvertement sexuels de ce mouvement de tantrisme. Elle s’implique donc de plus en plus et on lui fait comprendre que son élévation spirituelle doit passer par une initiation sexuelle avec le gourou du mouvement, Gregorian Bivolaru.

Il y a deux ans, elle est envoyée à Paris pour le rencontrer. Des Roumains la séquestrent alors dans une maison de la banlieue parisienne pendant deux semaines : "Les chambres n’avaient pas de lumière naturelle, donc vous êtes complètement déboussolés. J’avais peur, et je me sentais piégée, mais j’essayais de me rassurer avec les autres filles qui attendaient avec moi."

"J'ai senti que ce n'était pas normal"

Silke affirme qu'elle a dû avoir des relations sexuelles avec Gregorian Bivolaru à trois reprises. Elle cherche à s’enfuir de l’appartement parisien où elle est séquestrée et où elle couche avec lui. La jeune femme raconte que son endoctrinement a pu prendre fin alors qu'elle dit assister à une scène de viol, dans cet appartement parisien : "Il a fait venir une mineure hongroise de 16 ans dans sa chambre. Elle était venue avec sa mère, qui vivait dans l’école depuis des décennies. Il n’y a pas eu de pénétration, mais du sexe oral. Et j’ai entendu Greg lui crier dessus parce qu’elle ne voulait pas le faire assez longtemps. Et c’est à ce moment que j’ai senti que ce n’était pas normal."

Lors de l’interpellation de Gregorian Bivolaru et de ses complices, mardi 28 novembre, la police a libéré 26 jeunes femmes des logements parisiens, ce qui donne une idée de l’ampleur de ce réseau visé par une information judiciaire pour "viols" et "traite des êtres humains en bande organisée". Franceinfo a contacté la fédération Atman, mais son porte-parole n’a pas voulu répondre à nos questions. 

*Le prénom a été modifié

L'une des victimes de la secte internationale de yoga tantrique témoigne sur franceinfo

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