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Témoignages "Le salaire est minable" : les greffiers manifestent pour une meilleure reconnaissance de leur métier

Les greffiers ont organisé lundi des manifestations devant les tribunaux, contre une nouvelle grille de salaires et pour demander davantage de moyens humains. À Paris, près de 200 personnes se sont rassemblées pendant leur pause déjeuner.
Article rédigé par Mathilde Lemaire
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Des greffiers ont également manifesté à Amiens, le 26 juin 2023. (HASLIN / MAXPPP)

"Les calculs ne sont pas bons", "stop au mépris" ou "injustice dans la justice" : des pancartes ont été improvisées par les greffiers en robe noire réunis dans le calme, brièvement à l'heure de la pause-déjeuner. Ils étaient entre 150 et 200 manifestants, lundi 26 juin, devant le tribunal judiciaire des Batignolles à Paris. D'autres rassemblements étaient organisés au même moment devant de très nombreux tribunaux partout en France, pour une meilleure reconnaissance du métier. 

"J'en ai marre, je me barre", a écrit Pauline sur sa pancarte. Greffière depuis seulement trois ans, elle est déjà épuisée et vient de réussir un autre concours de la fonction publique pour un poste au ministère de l'Économie où elle sera mieux payée et ne fera pas autant d'heures supplémentaires. "J'étais passionnée par mon travail, mais les conditions ne sont pas possibles, explique Pauline, qui s'apprête à quitter le tribunal cet été. On a des piles de dossiers dont on sait qu'on ne les réglera pas, des victimes au téléphone tous les jours qui nous demandent quand on va voir la fin du dossier, on ne peut même pas leur répondre ! On n'a pas assez de moyens ni de temps."

Le nombre de départs en hausse de 400% en cinq ans

Pauline demande une revalorisation des salaires dans cette branche. "Le salaire est minable : un greffier qui sort d'école est à 1 800 euros alors qu'il a fait quatre ans d'études et 18 mois de formation". Le métier de greffier est méconnu. Ces professionnels sont un peu plus de 10 000 en France. Les manifestants protestent contre un projet de nouvelle grille de salaires. Ils disent être les grands oubliés de la justice et réclament des moyens et davantage de reconnaissance.

En cinq ans, le nombre de départs de greffiers comme Pauline pour d'autres administrations a augmenté de 400%, selon les états généraux de la justice. Certains sont recrutés aussi par des cabinets d'avocats qui vont jusqu'à doubler leurs salaires. Si le concours, en théorie, est ouvert dès Bac + 2, dans les faits ceux qui le réussissent ont plutôt Bac + 4, et cela depuis des années.

"Si on augmente les magistrats, il faut augmenter les greffiers"

Évelyne a passé le concours il y a plus de 20 ans alors qu'elle était titulaire d'un DEA. Elle gagne 2 300 euros mensuels. Selon elle, la nouvelle grille indiciaire ne permettra pas de passer de la fonction publique catégorie B à la catégorie A. "Je suis réellement écœurée de la manière avec laquelle nous sommes traités par notre ministère, avec une certaine condescendance, regrette Évelyne. On essaye de faire tout pour que la justice avance. C'est une réelle vocation. Depuis toujours, nous sommes en sous-effectif, et là, j'avoue que c'est quand même inadmissible."

"Je vais baisser de deux échelons et je vais gagner de manière très généreuse 12 euros de plus par mois..."

Évelyne, greffière depuis plus de 20 ans

à franceinfo

Les magistrats, eux, devraient voir en octobre leurs salaires mensuels revalorisés en moyenne de 1 000 euros. Ils sont donc venus lundi pour certains soutenir leurs collègues sur le parvis. "Moi, magistrat, je ne sers à rien si je n'ai pas de greffier, reconnaît Mathieu Bonduelle, juge d'instruction à Paris. S'ils ne sont pas là pour authentifier un certain nombre de choses, prendre les notes d'audiences, notifier les décisions, en fait la justice ne tourne pas. On a évidemment besoin des greffiers et si on augmente les magistrats, il faut augmenter les greffiers. Ce n'est pas qu'une question d'augmentation, de manière générale, il faut reconnaître leurs compétences et leur nécessité."

À l'issue d'un rendez-vous lundi 26 juin dans la soirée à la chancellerie, une nouvelle rencontre entre l'intersyndicale "métiers de greffe" et la direction des services juridiques est prévue le 4 juillet prochain. Les syndicats entendent bien faire évoluer la proposition de la chancellerie en termes de grille statutaire. Ils continuent de réclamer que les greffiers passent de la fonction publique catégorie B à la catégorie A. 

Des greffiers se mobilisent devant le tribunal judiciaire des Batignoles à Paris - Reportage de Mathilde Lemaire

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