Trois questions sur l'affaire Omar Raddad
Des traces d'ADN exploitables ont été retrouvées dans le cadre de l'affaire Omar Raddad, le jardinier marocain condamné en 1991 pour le meurtre de sa patronne Ghislaine Marchal, crime dont il se dit innocent.
Rebondissement dans l'affaire Omar Raddad. Jeudi 5 novembre, des traces d'ADN "exploitables" ont été mises en évidence après de nouveaux prélèvements dans l'affaire du meurtre, en 1991, de Ghislaine Marchal, a annoncé le parquet de Nice à l'AFP. L'ancien jardinier n'a jamais cessé de clamer son innocence.
De quoi est accusé Omar Raddad ?
En juin 1991, le corps de Ghislaine Marchal, 65 ans, est découvert dans le sous-sol de sa villa de Mougins (Alpes-Maritimes), lardé de plusieurs coups de couteau. Sur la porte de la chaufferie, on retrouve les mots "Omar m'a tuer" inscrits avec le sang de la victime.
En 1994, à l'issue d'un procès très médiatisé, Omar Raddad, le jardinier de la riche veuve, est alors condamné à dix-huit ans de prison. Gracié partiellement par Jacques Chirac en 1996, à la demande pressante également du roi Hassan II du Maroc, il obtient une libération conditionnelle en 1998. Mais, aux yeux de la justice, il demeure toujours coupable du meurtre.
Depuis près de vingt ans, ce Marocain, qui parlait mal le français lors de son arrestation et n'avait ainsi pas facilité sa défense, clame son innocence et demande une révision du procès. De nombreuses zones d'ombre persistent dans l'affaire : les études graphologiques du message attribué à Ghislaine Marchal se sont révélées contradictoires. Le corps de la victime a été incinéré à l'issue de la première autopsie, empêchant toute analyse supplémentaire. Deux ADN masculins différents, dont aucun n'appartenant à Omar Raddad, ont été retrouvés sur place sans que les experts ne puissent les identifier. De plus, les policiers n'avaient pas jugé utile de relever des empreintes digitales dans la chaufferie où fut commis le meurtre.
D'où viennent ces nouvelles traces d'ADN ?
Comme le permet désormais la loi du 20 juin 2014, qui vise à assouplir les critères pour obtenir la révision d'un procès, l'avocate d'Omar Raddad, Sylvie Noachovitch, a demandé et obtenu de la part du parquet de Nice que soient ordonnés de nouveaux prélèvements sur deux portes et un chevron qui se trouvaient sur la scène de crime.
"Des investigations ont été menées sur trois pièces de scellés, dont les portes sur lesquelles a été tracé avec du sang 'Omar m'a tuer'", a indiqué à l'agence Reuters le procureur de Nice, Jean-Michel Prêtre. Ces traces n'ont pas encore été exploitées et devraient l'être "dans les mois qui viennent".
Que vont-elles apporter à l'enquête ?
Il convient de "rester extrêmement prudent quant aux identités génétiques recueillies sur ces traces", qui "peuvent provenir des protagonistes de l'affaire tout autant que de manipulations ultérieures aux faits", a toutefois ajouté le parquet de Nice. Ces traces devront être comparées au Fichier national automatisé des empreintes génétiques (Fnaeg).
L'avocate d'Omar Raddad, Sylvie Noachovitch, espère que l'exploitation de ces ADN permettra de découvrir qui est le "véritable" meurtrier et assurent que "les progrès scientifiques nous permettent d'être confiants".
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