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Un magasin Ikea aurait fait des cadeaux à la police locale

L'ex-responsable du magasin de Gonesse (Val-d'Oise) se serait assuré "les bonnes grâces" des policiers, affirme le site Mediapart. Le site évoque une dizaine de bons d'achat de 100 euros.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Publié Mis à jour
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Un client sort du magasin Ikea de Lomme (Nord), le 29 février 2012. (PHILIPPE HUGUEN / AFP)

En pleine affaire sur la surveillance illégale d'employés et des clients qu'aurait effectuée Ikea, de nouvelles révélations mouillent cette fois-ci un magasin du Val-d'Oise. Un des anciens responsables de l'enseigne de Gonesse, Paul Magnan, son directeur aujourd'hui à la tête du magasin de Strasbourg, "arrosait" de "bons cadeaux" des policiers locaux, selon des informations publiées mercredi 4 avril par Mediapart (article réservé aux abonnés).

Le site évoque notamment une dizaine de bons d'achat d'un montant de 100 euros, tous remis en octobre 2002. Ce responsable se serait assuré "les bonnes grâces" des policiers et aurait obtenu des renseignements, affirme le site. Ces nouveaux éléments risquent de ne pas aider la filiale française.  

• Ce que révèle Mediapart

Le site publie aussi des fac-similés d'e-mails internes d'Ikea qui mettent en évidence des relations étroites entre les dirigeants du magasin et la police locale. Ainsi, dans l'un de ces courriels, Laurent Leroy, ancien responsable sécurité à Gonesse, indique qu'il a pu avoir accès aux comptes bancaires d'une employée soupçonnée de vol grâce à un officier de police. Il confie avoir été mis au courant de son interpellation imminente. 

Or, ce responsable n'est autre qu'un ancien gendarme, recruté par Ikea dans les années 2000 pour lutter contre les fraudes au sein du magasin. Il explique lui-même avoir pu le faire parce qu'il était "un [ex] de la maison [la gendarmerie]". Les informations auraient été récupérées auprès de la société Sûreté International, déjà citée dans l'affaire des surveillances.

Mediapart rapporte qu'il a ensuite tenu informés des plus hauts cadres de la société de ces révélations. Auraient ainsi été mis au courant de la situation de certains employés Jean-Louis Baillot, ancien patron d'Ikea France, et Pierre Deyries, l'actuel directeur de la communication.

• Des anciens d'Ikea en rajoutent une couche

Interrogé par Mediapart, l'ancien directeur du magasin de Gonesse, Paul Magnan, n'a pas contesté "ces échanges de bons procédés". "On s'efforce d'avoir de bonnes relations avec les partenaires locaux en remettant des bons d'achat à des clubs de foot, à des associations", s'est-il justifié. 

Sous couvert d'anonymat, un autre ancien directeur ajoute que ces méthodes, vieilles des années 90, se sont ensuite institutionnalisées."Sinon, comment voulez-vous que la police passe quand on en a besoin, ou qu'elle nous confie les antécédents d'un syndicaliste ?", ajoute-t-il sur Mediapart en guise d'explication.

Contactée mercredi par l'Agence France Presse, l'entreprise s'est de son côté refusée à tout commentaire.

• Des révélations qui tombent mal

Ces informations interviennent dans un contexte tendu pour la filiale française du géant suédois. Ikea France se trouve en effet dans le collimateur de la justice pour des faits présumés d'espionnage illégal de salariés et de clients. 

Une enquête préliminaire est en cours pour "utilisation frauduleuse de données personnelles". Ces soupçons ont obligé Ikea France à écarter plusieurs responsables début mars, dont son ancien patron Jean-Louis Baillot.

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