Une femme trans accuse de discrimination de genre le fast-food qui l'employait près d'Angers

La plaignante dénonce des remarques et des pressions. L'avocat du restaurant franchisé McDonald's réfute toute discrimination ou harcèlement devant le conseil de prud'hommes d'Angers.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Le logo Mc Donald's le 10 janvier 2024. (MAGALI COHEN / HANS LUCAS / AFP)

Une jeune femme trans qui travaillait dans un restaurant franchisé McDonald's a demandé, lundi 15 avril, au conseil de prud'hommes d'Angers (Maine-et-Loire), de reconnaître qu'elle avait été victime de "discrimination de genre" et de harcèlement. La juridiction civile doit rendre son jugement le 24 juin. Elle a également saisi l'inspection du travail et déposé une plainte au pénal.

C'est sous le prénom masculin qui lui avait été donné à la naissance que Syntia avait été embauchée en septembre 2022 par ce McDonald's, situé à une quarantaine de kilomètres d'Angers. Elle était à l'époque en processus de transition mais était toujours considérée comme un homme par l'état civil, ce qui n'est plus le cas aujourd'hui.

Convoquée à "un entretien de recadrage"

Début janvier 2023, en retard après un rendez-vous médical, elle décide de se rendre directement à son travail avec des vêtements féminins, des faux seins et du maquillage, expliquant avoir senti une certaine "bienveillance" de la part de son entreprise et de ses collègues. Mais très rapidement, Syntia dit avoir été en butte à des remarques et des pressions.

Fin janvier 2023, elle est convoquée à "un entretien de recadrage" durant lequel on l'appelle par son prénom masculin et on lui demande de ne plus se maquiller, a affirmé à l'audience son avocate, Gwénola Vaubois. "On lui demande d'atténuer son maquillage, pas de l'enlever", en vertu d'un règlement intérieur qui prescrit "pour tout le monde" un "maquillage léger et discret", a réagi l'avocat du restaurant, Pascal Landais.

Des "réactions maladroites mais pas de discrimination"

Dans les jours qui suivent, les responsables de Syntia auraient tout fait pour empêcher l'emploi de son nouveau prénom féminin, l'interdisant par voie d'affichage dans le restaurant et rappelant à l'ordre par écrit deux collègues qui l'avaient adopté. Selon Gwénola Vaubois, l'employeur a invoqué une loi de 1794 qui n'aurait jamais été abrogée. Refusant d'ôter son maquillage, Syntia n'aurait plus été autorisée à rejoindre son poste de travail.

En arrêt-maladie depuis mars 2023, la jeune femme de 21 ans a fait l'objet d'un avertissement de la part de son employeur qui a depuis été levé. Elle réclame la résiliation de son contrat de travail, un total de 30 000 euros de dommages et intérêts ainsi que l'indemnisation des huit mois d'arrêt de travail qui n'ont pas été couverts par la Sécurité sociale (un peu moins de 20 000 euros). "Il a pu y avoir des réactions maladroites mais pas de discrimination ou de harcèlement", a plaidé Pascal Landais, rejetant toutes les demandes.

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