Quelles charges pèsent contre le Gardasil, vaccin anticancer du col de l'utérus ?
Une jeune femme de 18 ans originaire des Landes accuse, dans "Le JDD", ce vaccin d'avoir provoqué la maladie du système nerveux central dont elle est atteinte depuis ses 15 ans.
Le Gardasil est-il dangereux ? Une jeune femme de 18 ans a déposé, vendredi 22 novembre, une plainte visant ce vaccin contre le cancer du col de l'utérus. Elle attaque Sanofi Pasteur MSD, qui commercialise ce vaccin, pour "atteinte involontaire à l'intégrité de la personne humaine", révèle dimanche 24 novembre Le JDD.
Son avocat, Jean-Christophe Coubris, qui défend aussi des victimes du Mediator, a confirmé l'information à Sud-Ouest et à l'AFP. Marie-Océane Bourguignon, originaire des Landes, accuse ce vaccin d'avoir provoqué la maladie du système nerveux central dont elle est atteinte depuis ses 15 ans, selon l'hebdomadaire.
Qu'est-ce que le Gardasil ?
Autorisé en Europe depuis 2006, le Gardasil est un des vaccins qui permet de se prémunir contre le papillomavirus (HPV), responsable du cancer du col de l'utérus. Lancé en 2006, il est recommandé par le ministère de la Santé depuis 2007 chez les jeunes filles de 13-14 ans.
Mais son utilité fait débat en France, où des patientes ont déjà saisi des commissions régionales d'indemnisation des accidents médicaux, pour des effets secondaires liés selon elles au Gardasil.
Selon l'Institut national de veille sanitaire, moins d'un tiers des adolescentes françaises étaient en 2011 vaccinées contre le cancer du col de l'utérus, le 12e cancer le plus fréquent chez les femmes. Il touche chaque année près de 3 000 personnes.
Que lui reproche-ton ?
Marie-Océane a été vaccinée au Gardasil à 15 ans, comme quelque 2,3 millions d'adolescentes françaises. La première injection, détaille son avocat Me Jean-Christophe Coubris, a lieu le 11 octobre 2010, puis une deuxième le 13 décembre. Une vaccination intervenue selon lui après un véritable "tapage médiatique", visant parfois à "culpabiliser" les parents pour qu'ils choisissent ce traitement.
Mi-février 2011, des signes cliniques inquiétants apparaissent : des vertiges et vomissements qui conduisent à son hospitalisation à Dax (Landes), puis en urgence au CHU de Bordeaux. Elle souffre de pertes momentanées de la vue, de la marche et d'une paralysie faciale.
Selon Me Jean-Christophe Coubris, "le diagnostic d'encéphalomyélite aigüe disséminée [une inflammation du système nerveux central] ou de sclérose en plaques a été rapidement posé". Son état s'est stabilisé en août 2012, mais la jeune fille est souvent fatiguée, ce qui gêne sa scolarité, explique encore l'avocat bordelais - déjà en lutte par ailleurs contre l'antidiabétique Mediator et les pilules de 3ème et 4ème génération. Marie-Océane vit désormais "avec l'angoisse constante d'une poussée de sa maladie", explique-t-il.
Quelles suites judiciaires ?
Océane a déposé vendredi une plainte pénale, auprès du parquet du tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis), dont dépend le siège de Sanofi, pour "atteinte involontaire à l'intégrité de la personne humaine". La plainte vise le labo, mais aussi l'Agence nationale du médicament. La famille d'Océane estime qu'il y a eu "violation d'une obligation manifeste de sécurité et méconnaissance des principes de précaution et prévention".
La jeune femme peut s'appuyer sur une double expertise commandée par la Commission régionale de conciliation et d'indemnisation des accidents médicaux d'Aquitaine, qui a conclu à un "lien de causalité" entre l'injection de Gardasil et une "réaction inflammatoire aiguë du système nerveux central", qui après la deuxième injection a "décompensé un processus immunitaire", selon Sud Ouest.
La commission a cependant limité l'indemnisation de Océane à 50% du préjudice, estimant qu'une éventuelle vulnérabilité génétique avait aussi pu jouer.
Au-delà du Gardasil, note l'avocat, "il y a de plus en plus conscience au sein du corps médical de la dangerosité d'un adjuvant (booster) présent dans presque tous les vaccins (y compris le Gardasil), le sel d'aluminium". "Ce que Marie-Océane recherche par ce dépôt de plainte c'est une information: que chaque patient qui veut se vacciner ait conscience des risques", dit-il.
Comment réagit le laboratoire visé ?
Sanofi Pasteur MSD conteste la conclusion de la double expertise. Selon le laboratoire, elle s'appuie "uniquement sur la constatation d'une coïncidence temporelle entre la survenue et les symptômes de la maladie et de la vaccination", sans prouver le lien de causalité.
Pour mettre en cause le vaccin, "il faut regarder si la maladie est plus fréquente chez un groupe de jeunes filles vaccinées que sur un groupe de jeunes filles non vaccinées", explique le directeur adjoint des affaires médicales chez Sanofi Pasteur MSD, or aucune étude n'a jamais établi "d'incidence supérieure", assure-t-il en défendant la thèse de la "coïncidence".
Sanofi Pasteur MSD regrette "le discrédit" ainsi jeté sur le vaccin et la "perte de chance" que cela pourrait supposer pour les jeunes filles.
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