La "crise de l'appartement" au coeur des débats du comité de la CGT
Le Canard enchaîné est venu en rajouter une couche mercredi. Le journal satirique avait déjà révélé que les travaux de rénovation de l'appartement de fonction du patron de la CGT avaient coûté 130.000 euros à la centrale. Thierry Lepaon avait ensuite contesté les chiffres. Et ce mercredi, le Canard ajoute qu'en plus, l'appartement avait déjà été rénové.
Alors, mercredi, Thierry Lepaon a pris des précautions. Devant les 300 membres du "parlement" de la CGT, qui sont réunis pendant deux jours lors du Comité central national (CNN) à Montreuil, au siège du syndicat, il a d'abord parlé d'une faute collective. Mais en fait, on s'aperçoit qu'il fait porter la responsabilité des travaux de son appartement à une personne en particulier : le trésorier de la CGT Eric Laffont.
Le trésorier a fait une erreur, selon Lepaon
D'après Thierry Lepaon, c'est ce trésorier qui a donné son feu vert aux travaux de plus de 100.000 euros. Et, dit-il, il n'était pas tenu d'en référer aux instances de la CGT. Conclusion : Thierry Lepaon affirme que lui, numéro 1 de la CGT n'était pas au courant du montant, il a d'ailleurs assuré qu'il l'avait appris par la presse. Montant qu'il juge choquant, a-t-il ajouté mercredi matin sur BFM TV.
On ne dépense pas, dit-il, une telle somme pour des travaux dans un apparement en location. Bref dans l'argumentation de Thierry Lepaon, c'est le trésorier qui a fait une erreur, mais pas lui, le secrétaire général, qui selon lui ne s'occupe pas de ces questions de travaux. "Je n'ai pas suivi les travaux, ce n'est pas mon rôle, je pense que les choses n'ont pas été regardées de près, il a fallu faire vite ", dit-il.
Une défense qui passe mal, un bilan contesté
La défense de Thierry Lepaon a du mal à passer auprès d'une partie des cadres de la CGT. Toujours est-il que le secrétaire général reconnaît lui même qu'il est contesté. Il accuse, sans les nommer, certains dirigeants du syndicat qui le critiquent dans la presse. Et il va d'ailleurs convoquer un par un les membres du bureau de la CGT, qui sont une dizaine, pour s'assurer de leur loyauté à son égard. Bref ce n'est pas vraiment une ambiance sereine.
Depuis son arrivée à la tête de la CGT il y a un peu plus d'un an et demi, le bilan de Thierry Lepaon n'est pas très bon, d'un point de vue syndical. La CGT n'a pas réussi à peser et à organiser de grosses manifestations. Les défilés contre la nouvelle réforme des retraites en septembre 2013 n'ont pas fait le plein. Et puis il y a eu la grève à la SNCF qui a duré deux semaines en juin dernier. Deux semaines pour presque rien puisque la CGT n'a pas obtenu de modification significative de la réforme ferroviaire qu'elle contestait.
Une rencontre qui se termine sur "la confusion"
Mercredi soir, le Comité central national s'est terminé par un vote sur des "principes " pour tirer les leçons de ce "dysfonctionnement " autour de l'appartement, selon la direction. Le texte réaffirme "la solidarité et la confiance " au secrétaire général et mandate la commission exécutive, direction élargie à faire des propositions. Mais, selon des sources internes, la rencontre "s'est terminée dans la confusion ". Un consensus aurait été trouvé sur une enquête pour faire un audit sur les dépenses depuis le début du mandat de Lepaon, mais ce dernier aurait rejeté cette proposition de même que la tenue d'un CNN extraordinaire.
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