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La femme du jour. Christiane Taubira

Chaque jour, Nathalie Bourrus raconte une femme. Un portrait, mais surtout une rencontre. Aujourd'hui, Christiane Taubira, ancienne garde de Sceaux (chronique du 11 décembre).

Article rédigé par Nathalie Bourrus
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Christiane Taubira, ancienne ministre de la Justice, en décembre 2018. (NATHALIE BOURRUS / RADIO FRANCE)

Nom : Taubira. Prénom : Christiane. Âge : 66 ans.  Métier : femme politique, qui a suspendu son acticité. Pourquoi elle ? Parce qu’elle participait mardi à la conférence StopCorruption, à Science Po Paris. Et parce qu’elle a bien voulu me parler. Et oui. Il faut savoir. Christiane Taubira ne veut plus parler, aux médias. "Je suis ingrate, n’est-ce pas ?" me lance-t-elle, alors que je la course. Avec son air de gamine qui vous échappe sans cesse, l’ancienne garde des Sceaux aime bien vous filer entre les doigts. Taubira se mérite, ce qui a toujours agacé certains observateurs de la vie politique.

Dans le grand amphi de Sciences Po, elle est entourée des pontes de la lutte anti- corruption. D’Anticor à Sherpa, en passant par Transparency International, chacun y va de son couplet. Christiane Taubira, elle, ne fait pas comme tout le monde : elle squatte. "Avant d’en terminer (sa phrase fétiche), je voulais ajouter que, vous, les citoyens, vous êtes tous précieux dans la lutte anti-corruption. Il ne faut pas se décourager". Elle squatte donc, allègrement. Mais elle fait ça vraiment bien. Elle n’a pas son égale pour vous emmener dans ses convictions, ses croyances et sa foi. "Je suis un peu une sorcière", me dit-elle, avec son regard bleu marine. Donc, une ingrate, doublée d’une sorcière. Quel genre de femme est-elle ? "Je transmets. C’est devenu mon boulot. Je suis là pour ça à présent", résume-t-elle. Une étudiante piétine a côté d’elle, elle veut lui parler. "Attendez, je suis à vous", lui dit-elle. La jeune fille attendrait des heures… et madame Taubira ne la zapperait pas. La présence, l’échange, le tactile, c’est ça sa came.

La politique lui manque-t-elle, pourquoi ne pas retourner sur les plateaux télé ? "C’est non", me dit-elle en me montrant les centaines de demandes sur son portable. "Écoutez, je n’ai plus de mandat électif. J’irais parler, et après ? Non, ce serait tricher. Et je ne triche pas", poursuit Christiane Taubira. 

Un mot pour la définir ? Sérieuse. Elle pratique la vie ou la politique de la même façon : sérieusement. Pas question de jouer à la roulette russe, avec les droits des humains.    

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