Grand format

GRAND FORMAT. Agressions, insultes, harcèlement... Cinq mois de violences contre les LGBTI en France

Marie-Violette Bernard le vendredi 17 mai 2019

 (BAPTISTE BOYER / FRANCEINFO)

Je tenais [mon compagnon] par le bras. A peine sortis du métro, on a été insultés par trois mecs." Mardi 26 décembre 2018, Farès a été victime d'une agression homophobe à Lille (Nord). Roué de coups et insulté, le Montpelliérain a eu deux côtes et une clavicule fêlées. Il a tenté de déposer plainte au commissariat de Lille, sans succès. Les policiers ont refusé, au motif qu'il n'avait pas de certificat médical, qui n'est pourtant pas obligatoire pour cette procédure, précise 20 Minutes. Farès a déposé plainte trois jours plus tard, une fois de retour dans l'Hérault.

Ce cas est loin d'être isolé. En 2018, SOS Homophobie a recueilli 1 905 témoignages d'actes LGBTphobes, un chiffre en hausse de 15% par rapport à l'année précédente. Et les agressions physiques ont bondi de 66% en un an, selon le rapport annuel de l'association. Les plaintes ne sont que "la partie émergée" de l'iceberg, selon Clémence Zamora-Cruz. "Les victimes ne portent pas plainte par peur de représailles ou par crainte de faire face à la police. (...) Elles ont peur de ne pas être entendues", explique la porte-parole d’Inter-LGBT à France 24.

A l'occasion de la Journée de lutte contre l'homophobie et la transphobie, vendredi 17 mai, franceinfo a recensé les violences contre les lesbiennes, gays, bisexuels, transgenres et intersexes (LGBTI) signalées dans la presse ou sur les réseaux sociaux au cours des cinq derniers mois. Cet article est toutefois loin d'être exhaustif. Nous n'avons pas eu accès à tous les journaux, ni à toutes les éditions locales. Tous les actes LGBTphobes ne font pas l'objet d'une plainte ou d'un témoignage sur les réseaux sociaux. Et les médias ne relaient qu'une infime minorité des faits. Ces trente-sept histoires donnent néanmoins un aperçu des violences vécues quotidiennement par les personnes LGBTI en France.

JANVIER

Capture d'écran de LCI. (LCI / AWA SANE / FRANCEINFO)

5 janvier. Le président de l'association Le Refuge publie sur Facebook la photo du "premier courrier de l'année 2019". "En guise de vœux", Nicolas Noguier a découvert "de violents propos homophobes et transphobes". "Dehors les pédés, les gouines, les 'pseudo-trans' appelés travelos, les dingos infantiles et mal dans leur peau", écrit l'auteur de cette lettre à l'association montpelliéraine, qui propose hébergement et soutien aux victimes de violences contre les LGBTI.

14 janvier. Deux associations, Mousse et Stop Homophobie, déposent simultanément 213 plaintes contre X pour homophobie, dans une douzaine de juridictions. Toutes portent sur des messages haineux publiés sur internet au cours des huit derniers mois. "Des injures, des amalgames douteux entre homosexualité et pédophilie, mais aussi des incitations à la violence et des menaces de mort", repérés sur les réseaux sociaux ou sur des sites d'extrême droite.

L'objectif de ces plaintes est non seulement d'alerter sur le flot de propos haineux qui visent les LGBTI sur internet, mais aussi que leurs auteurs soient jugés. "Le message qu'on veut faire passer, c'est que ceux qui tiennent ce genre de propos en ligne sous couvert d'anonymat laissent des traces. On peut donc les retrouver pour les faire condamner", explique Etienne Deshoulières, avocat et coordinateur de cette action, à Libération.

29 janvier. Victime d'injures homophobes et de menaces de mort sur Twitter, Bilal Hassani porte plainte contre X pour "injures, provocation à la haine et à la violence et menaces homophobes". Depuis plusieurs mois, celui qui a été désigné représentant de la France à l'Eurovision est pris pour cible par des internautes. La plainte liste certains des propos qui le visent : "Bilal Hassani nous fait honte en nous représentant ce pédé, il mérite de mourir, on va le retrouver cette tafiole."

"L'objectif de [la plainte] de Bilal Hassani, c'est de dire qu'on ne peut plus insulter, menacer, appeler au meurtre sur internet sans que les associations de lutte contre l'homophobie réagissent, insiste son avocat Etienne Deshoulières. Il faut que les personnes qui se croient protégées par l'anonymat derrière leur ordinateur soient inquiétées."

31 janvier. Julien, un jeune homme de 19 ans habitant à Denain (Nord), tente de déposer plainte pour dénoncer "le harcèlement moral, sexuel et homophobe" qu'il subit depuis un mois "sur les réseaux sociaux" et "dans la rue". Dans les colonnes de La Voix du Nord, il confie "faire des détours" pour éviter certains lieux de Denain où il sait qu'il sera insulté. "Je le vis très mal, je crains qu'on s'en prenne à moi physiquement", souffle Julien. Au commissariat, les forces de l'ordre "refusent de prendre [sa] plainte". "On a juste pris une main courante", rapporte le jeune homme.

FÉVRIER

Capture d'écran de CNews. (CNEWS / AWA SANE / FRANCEINFO)

2 février. Un homme de 18 ans discute avec des amis dans la cité de La Noé, à Chanteloup-les-Vignes (Yvelines), lorsqu'il est pris à partie par un jeune de 17 ans. Victime d'insultes homophobes, il reçoit plusieurs coups de poing au visage et tombe au sol. Son agresseur lui assène un coup de pied et s'enfuit avant l'arrivée des pompiers. La victime a la mâchoire et des dents brisées, ainsi qu'un "grave traumatisme psychologique", rapporte Le Parisien. Le suspect, identifié comme un ancien habitant de la cité désormais domicilié à Rouen, est déféré devant un juge pour enfants début avril.

2 février. Une voiture s'arrête devant le bar gay Le B Four, dans le centre de Saint-Etienne (Loire). Le conducteur menace les clients : "De toute façon, les pédés, je les écrase." Le lendemain, l'homme stationne une nouvelle fois à proximité du bar. "Cette personne proférait des insultes et des menaces à caractère homophobe devant un établissement où les gens se retrouvent pour discuter, s'amuser, passer un bon moment, relate Lucienne Vall-Robert, présente ce soir-là. On se retrouve dans une situation d'insécurité." Le patron du bar porte plainte le lundi suivant.

2 février. En fin d'après-midi, des femmes participent à une réunion sur la parentalité au centre LGBT de la rue Dugast-Matifeux, à Nantes. Une dizaine d'hommes "passent devant la vitrine [du local], bière à la main, visage en partie dissimulé sous une écharpe", témoigne Trysha Gressus-Nallapane, présidente de l'Association des parents et futurs parents gays et lesbiens (AGPL) de Loire-Atlantique. Les insultes sexistes et lesbophobes fusent. Un homme montre ses fesses, un autre "secoue ses parties génitales à travers son pantalon", selon Ouest-France. Tout en continuant à injurier les femmes réunies, les hommes tambourinent sur la vitrine puis finissent par s'éloigner. Trois femmes portent plainte.

8 février. Trois jeunes hommes fument devant le Buster, un bar LGBT du centre de Bordeaux (Gironde). Cinq individus s'arrêtent, leur demandent des cigarettes. Face au refus des trois hommes de leur en donner et "semble-t-il parce qu'ils se [trouvent] devant un établissement LGBT", les coups et les insultes homophobes pleuvent, rapporte 20 Minutes. L'une des victimes finit à l'hôpital. Les trois hommes portent plainte, accompagnés par l'association Le Girofard, mais restent "très angoissés et très choqués". "L'un d'eux ne dort plus depuis l'agression, explique le président de l'association, Michaël Agbadebo. Cela a été si violent, si gratuit et si rapide. Ils refont le match en permanence."

15 février. Un homme se réfugie dans un hôtel lillois. Il a le visage en sang, le nez cassé, le lobe de l'oreille fendu par une boucle d'oreille arrachée. Quelques minutes plus tôt, il a été roué de coups par deux hommes d'une vingtaine d'années, à l'entrée du parc Matisse. Ils lui ont dérobé son portable et d'autres effets personnels. Jugés en comparution immédiate, "les agresseurs ont justifié leurs actes en disant que mon client leur aurait fait des propositions de relations homosexuelles (...) et que l'homosexualité n'était pas morale", détaille l'avocat de la victime. Alors qu'ils n'étaient à l'origine poursuivis que pour vol aggravé, la cour requalifie les faits et condamne les deux hommes à huit mois de prison ferme pour agression "en lien avec l'orientation sexuelle" de la victime.

21 février. Ryan prend le métro lillois après un dîner chez des amis. "Je porte des talons et j'ai les cheveux longs. Un homme de 20-30 ans a commencé à se moquer de mon apparence. Je n'ai d'abord pas pris cela au sérieux", explique Ryan, qui se définit comme non binaire (qui ne se reconnaît pas exclusivement dans les genres masculin ou féminin). Alors que Ryan descend à la station Lille-Flandres, l'homme l'insulte : "T'es une tapette toi, c'est ça ? T'es un pédé ? T'es un homme ou une femme ?" L'agresseur attrape les cheveux de Ryan, qui le repousse. "Il a pris son téléphone pour me filmer en rigolant de moi puis il est parti." Selon la victime, aucune des personnes présentes sur le quai n'est intervenue.

23 février. Un couple gay est roué de coups après s'être embrassé à la sortie d'un bar à Orléans (Loiret). Les trois agresseurs, âgés de 18 à 20 ans, sont filmés par les caméras de surveillance. Deux jours plus tard, ils sont condamnés en comparution immédiate à un an de prison, dont six mois ferme, et 900 euros d'indemnités.

27 février. Nicolas attend le bus place Voltaire, à Châteauroux (Indre). Quelqu'un lui crie "sale pédé". Quelques instants plus tard, "une personne [gifle, pousse et] fait tomber" le jeune homme de 16 ans, "en le balayant avec le pied". L'agresseur lui crache dessus et s'en va, sans qu'un témoin n'intervienne. "Ça m'a un peu dégoûté même si, quand je suis monté dans mon bus, une dame m'a donné un mouchoir pour m'essuyer car je saignais du nez", raconte le jeune homme à La Nouvelle République.

Fin février. Alors qu'il attend son bus à la gare routière de Thionville (Moselle), un lycéen de 17 ans est insulté par un groupe de jeunes : "Les gays comme toi, j'ai envie de les frapper." L'élève décide de partir, mais le groupe le suit. Jusqu'à ce que l'un des agresseurs lui assène un violent coup de pied au dos. "Je pensais que cela n'allait jamais m'arriver, confie le jeune homme au Républicain lorrain. Ils ont cassé mes écouteurs. J'ai couru place Turenne et après, ils ont lâché l'affaire." La victime porte plainte.

MARS

Capture d'écran du JT de France 2. (FRANCE 2 / AWA SANE / FRANCEINFO)

4 mars. Kevin se rend à Drancy (Seine-Saint-Denis), pour rejoindre un homme avec lequel il a discuté sur un site de rencontres gay. Lorsqu'il sort de sa voiture, il découvre qu'il est tombé dans un guet-apens. Trois individus le frappent. L'un d'entre eux sort un couteau et le poignarde à l'abdomen. Le jeune homme de 29 ans a un poumon perforé, mais il parvient à déclencher l'alarme de sa voiture. Des résidents préviennent les secours, qui transportent Kevin à l'hôpital. "Ce n'est pas moi qui étais visé mais toute la communauté homosexuelle. J'ai pris pour les autres", assure-t-il au Parisien. Trois suspects, âgés de 15 à 18 ans, sont mis en examen pour "tentative de meurtre en raison de l'orientation sexuelle" et placés en détention.

14 mars. Un jeune homme d'une vingtaine d'années est tabassé par trois mineurs rue de Bourgogne, à Orléans (Loiret). Il pensait se rendre à un rendez-vous avec un homme qui échangeait avec lui sur Snapchat. Les agresseurs "lui ont donné rendez-vous, c'était un véritable guet-apens", assure le procureur. Les trois suspects, âgés de 16 à 17 ans, sont convoqués devant les juges des enfants en juin.

15 mars. Un couple de femmes se balade en se tenant la main dans le quartier de la Part-Dieu, à Lyon. Les voyant passer, un groupe de cinq à dix jeunes filles leur lance des insultes lesbophobes. L'une des jeunes femmes leur fait savoir qu'elle est gendarme. Les adolescentes répliquent avec des coups de poing et l'une des victimes a la joue entaillée par un coup de cutter. Une suspecte de 17 ans a été interpellée et mise en examen pour violences en raison de l'orientation sexuelle des victimes.

15 mars. Des supporters du club de rugby Aviron bayonnais publient une vidéo sur les réseaux sociaux dans laquelle ils profèrent des insultes homophobes à l'égard de leurs adversaires biarrots du jour. Le président du Biarritz olympique, Jean-Baptiste Aldigé, est directement visé. Il porte plainte pour injures homophobes une semaine plus tard.

18 mars. Patrice Evra publie une vidéo sur Twitter, dans laquelle il se moque de l'élimination du PSG en Ligue des champions. "Paris, vous êtes des pédés !" lance le footballeur. Il présente ses excuses le lendemain, assurant qu'il n'est "pas homophobe" et qu'il "plaisantait". Deux associations, Mousse et Stop Homophobie, portent toutefois plainte contre Patrice Evra une semaine plus tard.

20 mars. Sylvain Fournier, journaliste à La Marseillaise, reçoit un coup de fil assassin du maire d'Allauch (Bouches-du-Rhône). Le reporter a écrit deux enquêtes sur Roland Povinelli. "Ecris demain dans La Marseillaise, en gros, 'Povinelli veut me tuer', lui lance l'édile. Mais comme tu dois être un sacré pédé, ça m'étonnerait que tu aies les couilles..." Sylvain Fournier, qui a enregistré l'appel, porte plainte. "Pour moi, les insultes homophobes sont aussi violentes que les menaces de mort", justifie-t-il.

31 mars. Julia Boyer, une femme transgenre de 31 ans, traverse une manifestation contre le président algérien Abdelaziz Bouteflika pour entrer dans la station République du métro parisien. Trois hommes lui barrent la route. "Un d'eux me dit : 'Mais en fait toi, tu es un homme et de toute façon, tu ne passeras pas !' Un des trois individus me dit : 'Mais tu as des seins, est-ce que je peux toucher ?' Et là, il a porté sa main sur ma poitrine." Selon la jeune femme, un autre homme lui montre son sexe et d'autres encore, plus haut dans l'escalier, lui jettent de la bière. L'agresseur qui lui a touché la poitrine lui assène une gifle, poursuit-elle. 

Julia Boyer remonte alors l'escalier en direction de la place de la République. Un jeune lui crache dessus, tandis qu'un groupe entonne un chant humiliant. La jeune femme gravit encore quelques marches, avant d'être violemment frappée. Le service de sécurité de la RATP intervient pour la mettre à l'écart. L'agression, diffusée sur les réseaux sociaux par un militant de Stop Homophobie, a été unanimement condamnée et une enquête pour "violences commises à raison de l'orientation sexuelle et de l'identité de genre" a été ouverte par le parquet de Paris.

AVRIL ET MAI

Capture d'écran du JT de France 3. (FRANCE 3 / AWA SANE / FRANCEINFO)

9 avril. Un homme de 28 ans est tabassé par deux mineurs, vers 13 heures, au 7e étage d'une tour de Choisy-le-Roi (Val-de-Marne). Il se débat, met en fuite ses agresseurs et prévient la police. Arrêtés et placés en garde à vue, les adolescents reconnaissent trois autres attaques. Le mode opératoire est toujours le même, selon Le Parisien : ces jeunes contactent leur victime sur le site de rencontres gay Grindr, l'attirent à Choisy, le rouent de coups pour lui voler son argent et son portable. Ils sont déférés devant un juge pour "extorsion aggravée en bande organisée et en raison de l'orientation sexuelle".

12 avril. Une vidéo, diffusée sur YouTube, montre le meneur des supporters du RC Lens chanter "Oh [Valenciennes] bande de pédés" pendant un match de Ligue 2. Le collectif Rouge direct, qui lutte contre l'homophobie dans les stades, réclame des sanctions contre les supporters lensois. Le club écope d'un match à huis clos avec sursis de sa tribune Marek et de 50 000 euros d'amende.

14 avril. Un couple gay est bousculé par un homme, place Bellecour, à Lyon. Selon 20 Minutes, l'individu profère des injures homophobes puis frappe l'un des deux jeunes, qui tentait de s'interposer. Une enquête est ouverte après le dépôt de plainte des victimes.

14 avril. Pierre Serne, conseiller régional d'Ile-de-France, publie sur Twitter un message homophobe qui lui a été adressé sur le réseau social. "Cela fait deux semaines que ça dure, explique-t-il au Parisien. Pour la première fois, mes agresseurs mettent explicitement le terme 'éliminer'." L'élu porte plainte au commissariat de Montreuil (Seine-Saint-Denis) cinq jours plus tard. "Je commence à être vraiment inquiet. Cela atteint ma vie quotidienne, confie le candidat aux élections européennes sur la liste de Benoît Hamon. Et en même temps, c'est ce qu'ils cherchent."

19 avril. Alors qu'il sort d'un supermarché du Mans (Sarthe) avec un ami, Rémi Marchand est insulté. "Pédé ! Qui fait la femme ? Pédales...", lui lancent ses agresseurs. Sur Twitter, le jeune homme indique avoir porté plainte contre X.

19 avril. Philippe Bouyssou, le maire communiste d'Ivry, découvre des insultes homophobes taguées sur la façade de l'hôtel de ville. Huit mois plus tôt, une série de tags haineux avaient déjà été inscrits sur plusieurs murs de cette commune du Val-de-Marne. Plusieurs de ces graffitis "[amalgament] homosexualité et pédophilie", relève Le Parisien. Philippe Bouyssou porte plainte. En septembre, il avait déjà martelé : "Je suis homosexuel et ça ne devrait pas être un sujet."

20 avril. Lors du match de Ligue 2 Grenoble-Lens, des supporters du club isérois déploient des banderoles dans le stade des Alpes. "L'homophobie est un fléau qui mérite mieux que des polémiques honteuses", écrivent-ils sur la première. "D'ailleurs, bon anniv' les pédés", peut-on lire sur la seconde. La photo est diffusée sur Twitter par le collectif Rouge direct, qui rappelle que "quel que soit le contexte, 'pédé' reste une injure homophobe". Contactés par France Bleu, les Red Kaos "disent avoir voulu montrer leur engagement contre l'homophobie d'un côté, et leur soutien aux supporters lensois de l'autre". Le Grenoble Foot 38 a été condamné à une amende de 10 000 euros pour le déploiement de cette banderole.

22 avril. Sur Twitter, un bénévole d'Urgence homophobie raconte avoir été victime d'une agression homophobe à Marseille (Bouches-du-Rhône). L'association LGBT assure que ce n'est pas la première fois. La victime explique avoir été "aspergée à coups de bombe lacrymogène" et avoir l'intention de porter plainte.

26 avril. Jérémy, un jeune homme de 27 ans, est renversé par une voiture en plein après-midi, alors qu'il traverse la route devant son domicile de Saint-Yrieix (Charente). Il raconte que le conducteur lui a crié "sale pédé" avant de prendre la fuite. "Je suis allé aux urgences, j'ai des contusions assez douloureuses mais je m'en tire bien", témoigne-t-il dans les colonnes de La Charente Libre. Jérémy porte plainte le lendemain.

27 avril. Morgan sort de son domicile de Cognac (Charente) avec son conjoint, vers 21 heures. Ils sont pris à partie par un voisin. "Il n'arrêtait pas de nous insulter d''enculés', de 'pédés', et il nous a balancé des bouteilles en verre de chez lui", confie Morgan au magazine Têtu. Le voisin les poursuit et "fait un croche-patte par derrière" au jeune homme, qui tombe. Morgan confie son sac à son compagnon et lui dit d'aller se réfugier dans un bar. Son voisin continue de le frapper, lui arrache "[sa] montre, [son] tee-shirt", avant que les serveurs du bar n'interviennent. Souffrant de douleurs lombaires et de blessures sur les bras, Morgan a 8 jours d'ITT. Il porte plainte le soir même.

27 avril. Agressée place de la République à Paris près d'un mois auparavant, Julia Boyer est à nouveau victime d'insultes transphobes. Alors qu'elle rentre à son hôtel, à Nice (Alpes-Maritimes), un groupe d'individus "la traite de 'sale pédé de merde'", puis de "travelo", raconte-t-elle sur Twitter. "Suis-je, étant une femme trans en transition, condamnée à me faire insulter en permanence dans la rue ?", dénonce-t-elle.

29 avril. Marcel Campion, qui compte se présenter aux élections municipales à Paris, organise une réunion publique dans le centre de la capitale. Déjà sous le coup d'une plainte pour injures, le forain insulte Anne Hidalgo et qualifie certains de ses adjoints d'"animateurs gays". Evoquant l'élu communiste Ian Brossat, Marcel Campion déclare : "En plus, on ne peut pas dire qu'il est de la jaquette, puisqu'on n'a plus le droit de le dire..." L'adjoint à la maire de Paris annonce au Monde qu'il va porter plainte pour injures homophobes.

30 avril. Terrence Katchadourian, secrétaire général de l'association Stop Homophobie, est agressé dans le 15e arrondissement de Paris. Il est reconnu dans la rue par un individu qui l'a vu dans une émission du magazine "Envoyé spécial" sur l'homophobie, explique l'association au HuffPost. L'agresseur traite le militant de "pédé" et de "tarlouze", lui assène des coups de poing au visage. Terrence Katchadourian porte plainte quelques heures plus tard.

2 mai. Des militants du Refuge Guyane manifestent contre la tenue d'une conférence évangélique, à Cayenne. Elle doit être animée par un pasteur pratiquant des "thérapies de conversion" contre l'homosexualité, selon Têtu. "Pendant près de 30 minutes", un homme prend à partie les manifestants. "Il nous a agressés, menacés et a tenté de nous frapper", témoigne un délégué régional du Refuge.

4 mai. Grégory Tilhac se rend chez un kiosquier de la place de la République, à Paris, pour acheter L'Equipe. Le quotidien sportif est accompagné d'un nouveau numéro de son magazine, consacré cette semaine-là à la lutte contre l'homophobie dans le sport. En une, il montre le baiser de deux joueurs de water-polo. Selon Grégory Tilhac, le kiosquier refuse de lui vendre le magazine. "En pouvant à peine y croire, je lui demande : 'Vous êtes homophobe ?' Il me répond 'Oui'. Tout simplement", écrit l'internaute.

La société qui gère ce kiosque annonce durant le week-end qu'elle mènera une "enquête plus approfondie" et que le kiosquier sera entendu. De son côté, la mairie de Paris ouvre une enquête administrative. Sur Twitter, Anne Hidalgo, promet que "tout sera mis en œuvre pour faire reculer les actes et les propos homophobes".

7 mai. Un couple homosexuel, qui avait réservé un emplacement dans une aire d'accueil des gens du voyage à Issoire (Puy-de-Dôme), est agressé par plusieurs personnes. Les victimes se voient prescrire cinq jours d'ITT, précise La Montagne. Une semaine plus tard, une soixantaine de gendarmes et un hélicoptère sont mobilisés pour interpeller six suspects. Trois sont relâchés et trois autres sont poursuivis pour "violences en réunion avec arme et à caractère homophobe".

14 mai. Jacky Majda, un supporter du RC Lens (Pas-de-Calais), porte plainte pour "menace en raison de l'orientation sexuelle" et "provocation à la haine". Il explique avoir reçu de nombreux messages homophobes d'autres fans du club de foot. "On m'a menacé, injurié, mon nom a été traîné dans la boue", dénonce-t-il sur Twitter, en publiant des captures d'écran des menaces qu'il a reçues.

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Texte : Marie-Violette Bernard

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