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Homophobie à l'école : "Si un garçon dit qu'il est gay, il va être harcelé moralement"

Alors que le gouvernement lance lundi une campagne pour lutter contre l'homophobie en milieu scolaire, franceinfo a pu suivre l'intervention d'une association dans un lycée parisien. 

Article rédigé par Alexis Morel - Édité par Adrien Bossard
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Un jeune homme harcelé. (Illustration).  (JEAN-FRANÇOIS FREY / MAXPPP)

"Tous égaux, tous alliés". C'est le nom de la nouvelle campagne lancée, lundi 28 janvier, par le gouvernement contre l'homophobie et la transphobie à l'école. Elle doit se déployer sous forme d'affiches dans tous les collèges et lycées, avec aussi des guides d'accompagnement pour les enseignants. Il y a urgence, selon les associations. En 2017, SOS Homophobie a reçu une centaine de témoignages d'homophobie et transphobie en milieu scolaire : insultes, menaces et, plus rarement, agressions physiques. 

Pour mettre fin à ces actes, en hausse de 38% par rapport à l'an dernier, les associations multiplient les interventions en milieu scolaire. Dans le lycée professionnel Gustave Ferrié, dans le 10e arrondissement de Paris, franceinfo a pu suivre l'une d'entre elles. 

Concernant l'homophobie et la transphobie, ou même le sexisme, je n'ai pas fondamentalement le sentiment que les élèves vivent des choses différentes que celles que je vivais, moi, il y a 40 ans, au collège et au lycée.

Pascal, bénévole chez SOS Homophobie

à franceinfo

Ils sont environ une vingtaine d'élèves, dans l'amphithéâtre. Face à eux, trois bénévoles de l'association SOS Homophobie. L'un deux questionne : "Quand on est lesbienne ou gay, est-ce que c'est un choix ?". Un élève répond que "l'on choisit plutôt un style de personne", un autre, "que c'est à cause des hormones". À première vue, pas d'hostilité chez ces adolescents. Mais de nombreuses idées reçues restent bien ancrées, constate Pascal, l'un des bénévoles. "Peut-être que, parmi eux, dans le lycée, il y a des élèves qui sont concernés, qui se cachent parce qu'ils ne se sentent pas à l'aise. Ce que l'on souhaite leur montrer, c'est que l'on peut être LGBT (Lesbienne, gay, bi et trans) et être heureux", explique-t-il.

Il y a encore du travail. Quand on demande par exemple à ces jeunes si un garçon du lycée peut dire qu'il est gay, voici leur réponse : "Il y a beaucoup de garçons dans l'école et chaque garçon a un a priori différent sur ce sujet-là. Du coup, si un garçon dit qu'il est gay, ce sera très compliqué à assumer derrière, parce qu'on va beaucoup se moquer de lui, il va être harcelé moralement. Et s'il n'est pas fort mentalement, il ne va pas supporter".

Je suis toujours étonné de voir qu'en 2019, des années après le vote de la loi sur le mariage pour tous, qu'il y ait encore autant d'homophobie chez les jeunes

Gilles, bénévole chez SOS Homophobie

à franceinfo

Ces réactions, Gilles a bien du mal à s'y habituer, malgré des années d'interventions scolaires derrière lui pour le compte de SOS Homophobie. "Aujourd'hui, on a vu des réactions de jeunes qui disent : 'Non mais, moi, monsieur, je suis homophobe.' C'est fou quand même qu'aujourd'hui un jeune de 18 ans, dans Paris, dise qu'il est homophobe."

Gilles se sent malgré tout utile dans ces lycées. Il raconte d'ailleurs que, quelquefois, un jeune profite d'une intervention pour se confier en fin de séance, sur son homosexualité parce qu'il se sent enfin écouté. 

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