"Enfin on peut distribuer de l'électricité aux Français !" : la fierté des salariés de l'EPR de Flamanville qui va être raccordé au réseau électrique pour la première fois

Ce réacteur de nouvelle génération, le plus puissant du parc français, doit produira l'équivalent de la consommation électrique de deux millions de foyers à sa pleine puissance.
Article rédigé par Lauriane Delanoë
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Opérateur dans la salle de contrôle du réacteur nucléaire (EPR) de troisième génération de Flamanville, en Normandie, le 14 juin 2022. (SAMEER AL-DOUMY / AFP)

Il y a un quart de siècle que la France n'avait pas fait démarrer un nouveau réacteur nucléaire, alors que c'est le pays qui en compte le plus grand nombre par habitant. Vendredi 20 décembres est donc un jour très attendu par EDF : l'aboutissement d'un chantier qui a duré 17 ans et 12 ans de retard. L'EPR de Flamanville, dans la Manche, ce réacteur nucléaire de nouvelle génération, devrait être enfin raccordé au réseau et contribuer à la production électrique de la France, vendredi 20 décembre. 

S'il doit monter progressivement en puissance jusqu'à l'été prochain, quand il sera opérationnel à 100%, l'EPR produira avec ses 1600 mégawatts, soit l'équivalent de la consommation électrique de deux millions de foyers.

"L'événement de l'année"

Avant ce raccordement, les salariés d'EDF sont à la fois concentrés, fiers et impatients, comme le confie Christophe Barbot, délégué CFE-Unsa de l'EPR de Flamanville. "On fera le pied de grue de savoir à quel moment ça va connecter. Il n'y aurait pas eu les Jeux olympiques, je pense que ça aurait été l'événement de l'année pour nous et pour les Français ! C'est l'ouverture d'une nouvelle ère nucléaire. Et donc on pourra passer Noël en disant à nos familles qu'on était là quand l'EPR a couplé avec le réseau...", sourit-il.

Même si, pour l'instant, le nouveau réacteur est loin de sa pleine puissance : si tout se passe comme prévu, l'EPR sera à moins d'un quart de ses capacités. "On va distribuer très peu d'électricité, mais c'est le fait de dire qu'on produit et qu'enfin on peut distribuer de l'électricité aux Français, souligne Christophe Barbot. 

"Ce qu'il faut souligner, c'est l'énorme investissement, la disponibilité et le travail réalisé pour arriver à ce résultat".

Chistophe Barbot

à franceinfo

Le raccordement de l'EPR de Flamanville ce vendredi au réseau national, "c'est quand même un des plus grands projets complexes industriels au monde" et "il faut être fier des équipes qui ont tenu bon et qui ont réussi ce gros challenge", estime pour sa part Emmanuelle Galichet, enseignante-chercheuse en physique nucléaire au Cnam, le Conservatoire national des arts et métiers de Paris. "Les premiers électrons vont être injectés dans les câbles du réseau électrique français. Ça ne va rien changer du tout pour les consommateurs, ça rajoute un petit peu d'énergie électrique sur le réseau, mais ils ne s'apercevront de rien", rappelle la chercheuse, invitée de France Bleu Cotentin.

"Un des plus grands projets complexes industriels au monde"

Ce 20 décembre 2024 est aussi une date symbolique, 50 ans jour pour jour après le vote du Conseil municipal pour l'installation d'une centrale sur la commune de Flamanville. Il a fallu 17 ans de travaux, dont 12 ans de retard. "C'était une date un peu fatidique, c'est-à-dire montrer vraiment que les équipes d'EDF et tous leurs fournisseurs avaient réussi à finaliser cet immense projet complexe, poursuit-elle. Donc il y avait besoin de prendre date et de montrer qu’on arrivait à la fin". 

Si la facture de l'EPR a également été multipliée au moins par quatre - passant à plus de 13 milliards d'euros -, entre les problèmes "d'organisation", le manque "de compétences techniques", Emmanuelle Galichet estime qu'"il faut quand même rester fier" : "C'est quand même un des plus grands projets complexes industriels au monde de construire un EPR et finalement, on a réappris aussi un petit peu parce que ça faisait 20 ans que la France ne construisait plus de réacteurs nucléaires, se félicite-t-elle. Donc il y avait besoin d'une phase de réexpérimentation et il faut être fier des équipes qui ont tenu bon et qui ont réussi ce gros challenge". 

Il reste toutefois beaucoup de travail : l'EPR de Flamanville est dans une longue phase d'essai. Il sera très vite déconnecté du réseau avant d'être reconnecté. Et ce plusieurs fois au fil des prochains mois. Il montera aussi en puissance progressivement sous le contrôle de l'autorité de sûreté nucléaire. EDF prévoit à ce stade de finir toute cette phase de démarrage l'été prochain.

La fierté des salariés de l'EPR de Flamanville : reportage de Lauriane Delanoé

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