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Nucléaire : où en sont les États-Unis, le Royaume-Uni et le Japon ?

La crise énergétique a rendu le nucléaire de nouveau attractif. De nombreux pays tentent de redresser une filière devenue depuis des années la bête noire des écologistes.
Article rédigé par franceinfo
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La production d’énergie nucléaire aux États-Unis reste plus importante que partout ailleurs même si la filière décline depuis les années 1980 (photo d'illustration, la centrale de Three Mile Island en 2019) (ANDREW CABALLERO-REYNOLDS / AFP)

Relancer le nucléaire français, le développer et construire de nouveaux réacteurs, c'est la volonté du gouvernement dont le projet de loi sur l'accélération du nucléaire arrive lundi 13 mars devant l'Assemblée nationale. Pour de nombreux pays, la crise énergétique a remis le nucléaire en haut des priorités de développement. 

Les États-Unis, toujours le plus grand producteur mais en perte de vitesse

Aux États-Unis, une cinquantaine de centrales sont actuellement en activité. La production d’énergie nucléaire y reste plus importante que partout ailleurs mais la tendance est en train de changer. Le parc nucléaire américain, c'est plus de 90 réacteurs dans 28 États. Tout cela représente 20% de la production d’énergie Outre-Atlantique. Mais, comme en France, ce parc est vieillissant, près de 40 ans en moyenne. Le développement de la filière a marqué le pas après l’accident de Three Mile Island en 1979, où une série de défaillances, humaines et mécaniques, ont fait fondre près de la moitié de cœur du réacteur. Et depuis les années 2000, le secteur subit la concurrence d’un gaz naturel bon marché, obtenu par fracturation hydraulique. Lors de la décennie écoulée, une douzaine de réacteurs nucléaires ont ainsi été mis à l’arrêt avant même l’expiration de leur licence. 

Un déclin que la Maison Blanche espère ralentir. Le plan "infrastructures" de Joe Biden prévoit six milliards de dollars pour soutenir les centrales en passe de fermer. Le nucléaire représente la moitié de l’énergie décarbonée produite par le pays et Washington vise le "zéro émission" pour sa production d’énergie d’ici 2035. Mais il faudra compter aussi sur le solaire et l’éolien puisque seuls deux réacteurs nucléaires sont actuellement en chantier et que leur coût est passé de 14 à 34 milliards de dollars, ce qui pourrait dissuader de futurs projets. Le nucléaire américain est donc entre deux eaux. La perte de savoir-faire est évidente et les efforts de l’état fédéral pour redonner un coup de fouet à la filière sont très timides. 

Le Royaume-Uni veut miser sur les SMR 

Il existe actuellement neuf réacteurs nucléaires au Royaume-Uni répartis sur cinq sites, tous construits dans les années 1970 et 1980 et rachetés par EDF en 2008. Ils produisent seulement 16% de l'électricité du pays et sont en fin de vie. D'ici 2030, la plupart des centrales seront fermées. 

Seule une centrale est en construction, à Hinkley Point, dans l'ouest de l'Angleterre, lancée par EDF. Il s'agit de deux EPR annoncés en 2016. Le projet a pris du retard, notamment à cause de la pandémie. Plus onéreux qu'initialement annoncé, il ne devrait voir le jour qu'en 2025 ou 2026 et devrait coûter 26 milliards d'euros. En plus de Hinkley Point, EDF est à la recherche d'investisseurs pour un autre projet, Sizewell C, conduit à parité avec le gouvernement britannique. 

Le Royaume-Uni a longtemps été assez hésitant par rapport au nucléaire, les Premiers ministres successifs, Tony Blair, David Cameron ou encore Boris Johnson, promettant de relancer l'énergie nucléaire du pays sans passer à l’acte. Mais l'accord signé entre Paris et Londres vendredi 10 mars dans le domaine de l'énergie, sur le renouvelable mais également sur la coopération dans le nucléaire, marque la recherche de solutions pour ne plus être si dépendants des énergies fossiles et pour lutter contre la hausse des prix de l'énergie. La France, tout comme le Royaume-Uni, vantent notamment le caractère décarboné de l'électricité nucléaire. Et dans son budget présenté cette semaine, le ministre des Finances britannique affiche son l'intention de relancer certains projets, notamment les petits réacteurs modulaires, bien plus faciles à installer qu'un réacteur classique. 

Le Japon rêve d’une chaîne nucléaire maîtrisée,  jusqu’au recyclage 

Douze ans après l’accident nucléaire de Fukushima, où en est le parc nucléaire nippon 12 ans exactement ? Il y avait 54 réacteurs exploitables avant l’accident de mars 2011, il en reste 33. Les autres vont être démantelés. Sur les 33 opérationnels, seulement 10 ont effectivement redémarré et le gouvernement espère que sept de plus pourront être relancés cette année. Mais le cas échéant, seule la moitié du parc existant et déjà vieux, pourra être en service. Quatre réacteurs ont plus de 40 ans et 14, entre 30 et 39 ans.  

Si le pouvoir politique se dirigeait vers un usage limité du nucléaire, face à la crise énergétique actuelle, il a changé de perspective. Le gouvernement veut désormais prolonger au-delà de 60 ans la durée d’usage des tranches. Il entend réveiller la filière qui a perdu des compétences, en construisant des nouvelles unités, ce qui était auparavant exclu.

Le rêve du Japon, qui croule sous les stocks de combustible usé, est de maîtriser tout le cycle nucléaire jusqu’au recyclage. Mais il a déjà dû reporter 26 fois le démarrage d’une usine de retraitement en chantier depuis 30 ans et qui a déjà coûté 100 milliards d’euros.

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