Nucléaire : pourquoi la conception des réacteurs EPR continue-t-elle de faire débat ?
La filière nucléaire française est sous pression pour éviter le syndrome Flamanville, le premier réacteur EPR français toujours pas en service malgré un retard de 12 ans sur le chantier. Une semaine après le conseil présidentiel du nucléaire, la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, se rend vendredi 10 février à la forge de l'usine Framatome du Creusot (Saône-et-Loire). C'est là que sont fabriquées les plus grosses pièces qui vont équiper les futurs réacteurs EPR 2. L'État veut accélérer le rythme de production mais la validité de la conception de ces réacteurs fait débat.
"Des vibrations tout à fait anormales"
Les doutes commencent en juillet 2021. Le réacteur numéro un de la centrale de Taishan, en Chine, construit avec l’aide d’EDF, est alors mis à l'arrêt. Cette centrale est la première au monde à utiliser des réacteurs EPR. La Crirad, un laboratoire français indépendant connu pour son expertise, réussit à obtenir des informations, raconte son directeur, Bruno Chareyron : "La Crirad, grâce aux informations qui lui ont été transmises par quelqu'un qui travaille dans l'industrie nucléaire, a pu établir ce qui s'est passé, c'est-à-dire des vibrations tout à fait anormales, qui ont induit une dégradation des assemblages de combustible liée à un défaut de conception, à l'intérieur de la cuve, tout à fait inédite."
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Le deuxième signal d'alarme a lieu l'été dernier. L’IRSN, l’organisme qui réalise les études techniques pour l’Autorité de sûreté nucléaire, reconnaît dans un avis une anomalie de conception sur le bas de la cuve de l’EPR. Un défaut repéré durant les études mais non pris en compte.
Il existe pourtant une solution, estime Ludovic Dupin, de la société française de l’énergie nucléaire : "Ce n'est pas tant une erreur de conception de la cuve. Il n'y a pas besoin de repenser le design de l'EPR. Il s'agit juste de faire un traitement thermique. C'est-à-dire qu'on chauffe les matériaux et du coup, ils sont solidifiés et donc ils maintiennent mieux le combustible en place une fois qu'ils ont été chauffés."
La Crirad demande à l'Autorité de sûreté nucléaire de revoir sa copie et de refuser la mise en service de l’EPR de Flamanville prévue mi-2024 après un nouveau retard.
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