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Nucléaire : Quelles propositions ?

Fin immédiate du nucléaire en France, réduction progressive de sa part dans la production d’énergie, ou au contraire augmentation de la production… la catastrophe de Fukushima a relancé le débat en France à quelques mois de la présidentielle.
Article rédigé par Simon Gourmellet
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7min
La centrale de Goldfech dans le Tarn-et-Garonne (afp)

Fin immédiate du nucléaire en France, réduction progressive de sa part dans la production d'énergie, ou au contraire augmentation de la production… la catastrophe de Fukushima a relancé le débat en France à quelques mois de la présidentielle.

Mars 2011, toute la planète retient son souffle le regard braqué sur la préfecture japonaise de Fukushima. Le séisme, puis le tsunami ont gravement endommagé les réacteurs 1, 2 et 3 de la centrale nucléaire.

Le 11 avril 2011, l'incident est classé au niveau 7. Le spectre de Tchernobyl refait surface. L'Allemagne décide de sortir du nucléaire d'ici 2022. En France, rapidement, le débat fait rage, d'autant que selon un sondage publié en juin, une large majorité des français (62%) souhaite l'arrêt rapide ou progressif, sur 25 ou 30 ans, des programmes nucléaires. Ce sera donc l'un des thèmes sur lequel chaque candidat sera attendu.

Nicolas Sarkozy : Le nucléaire reste l'énergie du futur

Le chef de l'état souhaite maintenir le cap : le parc de centrales nucléaires français est un avantage qui doit être non seulement conservé mais développé. "Nous n'allons pas revenir à la bougie," explique-t-il lors des vœux au monde rural en janvier dernier. Sortir du nucléaire reviendrait à "se couper un bras", selon lui.

Revenant sur la catastrophe de Fukushima, le chef de l'Etat a jugé que "l'accident au Japon n'est pas un accident nucléaire, il est dû au tsunami. Or un tsunami au centre de la France serait une nouveauté". Pour lui, "la France peut être à la fois leader du nucléaire et des énergies renouvelables".

Nicolas Sarkozy est également Pro-EPR. Selon lui, ll faut continuer l'installation de ces réacteurs de 3ème génération ainsi que maintenir et développer le parc de centrales actuelles. Il veut que la France s'engage également fortement dans la recherche sur les réacteurs de 4ème génération tout en conservant l'objectif du développement des énergies durables.

Le PS : Un programme commun mais à chaque candidat ses propositions

Après Fukushima, le Parti a modifié son projet: "La priorité doit être donnée aux énergies renouvelables. Nous devons par ailleurs(…) garantir à moyen et long terme l'indépendance énergétique de la France. Nous réduirons la place du nucléaire de manière étalée dans le temps. " Un programme commun, dont chaque candidat cherche à se différencier:

- François Hollande : Un grand débat

Au printemps 2011 le député de Corrèze affirmait "un candidat socialiste ne peut prétendre sortir du nucléaire ". Ce serait selon lui "ni économiquement sérieux, ni écologiquement protecteur, ni socialement rassurant". Puis, devant les lecteurs du Parisien et après la catastrophe de Fukushima, le discours a évolué : "il faudra un grand débat dans le pays. On peut passer de 75% d'électricité d'origine nucléaire à un peu plus de 50% à l'horizon 2025. Cela supposera de fermer un certain nombre de centrales, d'économiser de l'énergie et de faire monter les énergies renouvelables."

- Ségolène Royal : Sortir du nucléaire d'ici 40 ans

En 2007 déjà, la candidate socialiste voulait réduire de 50% la production d'énergie nucléaire d'ici 2017. Aujourd'hui elle veut aller plus loin en abandonnant complètement cette énergie : "On peut sortir du nucléaire en 40 ans, c'est-à-dire fixer un objectif ferme pour que l'ensemble de la mutation énergétique et industrielle puisse se faire dans de bonnes conditions."

- Martine Aubry : Une sortie en douceur

Pour la première secrétaire du PS "le nucléaire est dangereux ". Il faut selon elle en sortir: "Il faut y aller, ça va être 20 ou 30 ans (...)Pas de précipitation, il vaut mieux prendre les choses correctement. Pendant ce temps-là, il faut accroître la part des énergies renouvelables".

- Arnaud Montebourg : "Dépasser le nucléaire"

Pour le député de Saône et Loire, il faudra un débat, "qui doit être le plus large possible, doit être conduit avec sang froid et responsabilité." Il veut tout d'abord "la baisse de la consommation d'énergie en France." Mais selon lui, il faudra un jour dépasser le nucléaire : "Il faut reconnaître que le nucléaire, comme toutes les autres sources d'énergie non reproductibles, ne peut qu'être une solution transitoire mais "tout ne se fera pas immédiatement". Il propose notamment "d'associer" à cette mutation énergétique "nos fleurons industriels en le faisant muter".

EELV : Un référendum

Sans surprise, Eva Joly réclame une sortie du nucléaire en cas de victoire de la gauche en 2012, mais elle doit être au préalable préparée dans l'opinion. Dans une tribune commune, Eva Joly, Nicolas Hulot, José Bové et Daniel Cohn-Bendit veulent un référendum : "Nous pensons qu'il faut formellement poser aux Français la question suivante: "voulez-vous renouveler le parc nucléaire national par la prolongation ou la construction de centrales? Si le non est majoritaire, la sortie progressive du nucléaire s'imposerait ". Les écologistes souhaitent "une autre logique de mode de production, une logique d'autonomie, y compris dans l'habitat et une sortie de la logique du gaspillage".

De Villepin : ramener le nucléaire à 50 % de la production électrique

L'ancien premier ministre ne mentionne aucune date, mais il est ambitieux : "Nous pouvons imaginer par exemple de passer de 80 % de la production électrique" issue du nucléaire "à une perspective de 50 %.

Bayrou : Réflexion et débat

Pour le chef de file du Modem, "la réflexion doit mettre en cause le choix 100 pour cent nucléaire qui avait été celui de la France. Il y a deux choses à faire qui sont très urgentes", a-t-il expliqué. Premièrement "un test de résistance sur toutes les centrales nucléaires européennes, pas seulement françaises. Deuxièmement, un débat général sur quelle énergie nous voulons". Il faut aussi "mettre en cause les centrales les plus anciennes en France" comme celle de Fessenheim.

CPNT : Le nucléaire, un choix de raison

Après l'accident de Fukushima, le parti de Frédéric Nihous a dénoncé "l'attitude partisane de certains représentants politiques ou associatifs français et plus particulièrement celle de la communauté écologique face au malheur qui touche le peuple japonais. " Pour CPNT, le nucléaire est un choix de raison, car aujourd'hui aucune alternative viable n'a jusqu'ici été proposée.

Mélenchon : Sortir du nucléaire est un impératif

Pour le candidat du parti de Gauche, "le tremblement de terre et l'accident nucléaire (au japon) sont un tournant dans l'histoire de notre humanité. Ne pas le comprendre nous livre à de nouveaux désastres". Il appelle donc à stopper la construction de l'EPR et revenir immédiatement sur la prolongation de vie de 40 ans de la centrale de Fessenheim.

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