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Pourquoi Areva est en difficulté

Le groupe nucléaire a annoncé, jeudi, un plan de réduction de ses frais de personnel qui entraînera des milliers de suppressions d'emplois en France.

Article rédigé par Yann Thompson
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le PDG d'Areva, Philippe Knoche, le 13 décembre 2012, à Paris. (ERIC FEFERBERG / AFP)

Des nuages gris s'échappent des tours. Le spécialiste du nucléaire Areva a annoncé, jeudi 7 mai, la suppression de 3 000 à 4 000 emplois en France, dans un contexte de difficultés économiques au sein du groupe. La rémunération, l'organisation de la production et le temps de travail des salariés risquent aussi d'être affectés.

Le géant français de l'atome, détenu à près de 87% par des capitaux publics, a accusé une perte nette de près de 5 milliards d'euros l'an dernier, après trois années dans le rouge. Retour sur quatre raisons qui expliquent cette chute.

Un marché en déclin depuis Fukushima

La catastrophe de Fukushima, en 2011, au Japon, a ralenti le marché du nucléaire. Plusieurs pays ont mis fin à leur programme nucléaire et d'autres ont annoncé des moratoires, si bien que des commandes ont été annulées. En mars, le directeur général d'Areva, Philippe Knoche, a reconnu une "stagnation durable des activités nucléaires". Une tentative de diversification a eu lieu, mais le groupe a dû se recentrer sur le nucléaire sur "décision politique", selon son ancienne dirigeante, Anne Lauvergeon.

La mauvaise affaire UraMin

La société UraMin, achetée par Areva en 2007 pour 1,8 milliard d'euros, devait permettre au groupe français de sécuriser son approvisionnement en uranium, un combustible nucléaire. Mais l'opération financière est vite apparue comme une mauvaise affaire, du fait des difficultés d'exploitation des gisements et de la baisse des cours, surtout après Fukushima, rappelle le site de L'Expansion.

L'échec de l'EPR

Sur le front de l'EPR, Areva accumule les retards, donc les pertes. La mise en service de ce réacteur de nouvelle génération n'aura pas lieu avant 2016 à Flamanville (Manche), avec quatre ans de retard, et pas avant 2018 en Finlande, avec neuf ans de retard. Alors qu'Areva tente, tant bien que mal, de s'imposer avec son EPR au Royaume-Uni, en Chine, en Inde et en Arabie saoudite, la Chine s'apprête à débuter la construction de son propre réacteur nucléaire de troisième génération, potentiel rival de l'EPR français.

Des rapports compliqués avec EDF

De nombreux observateurs déplorent le manque de collaboration entre Areva et EDF. Pour exporter massivement sa technologie et ses équipements à l'étranger, "il aurait fallu qu'Areva parte à la conquête du monde avec EDF et Alstom", dans le cadre d'une "filière complète", estime Atlantico"On aurait un immense intérêt à une paix des braves entre EDF, GDF Suez et Areva", indiquait, en mars, Anne Lauvergeon. Ce rapprochement est actuellement à l'étude au sein du gouvernement.

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