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Pesticides : désastre sanitaire aux Antilles ?

L’expression "avoir la banane" a peut-être du plomb dans l’aile. Selon un rapport du cancérologue Dominique Belpomme, l'utilisation de pesticides aurait empoisonné la terre... et les hommes.
Article rédigé par franceinfo
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Le professeur à l’origine d’une mission en Martinique et aux Antilles parle de désastre sanitaire dans le rapport qu’il va remettre demain à l’assemblée nationale. Le ministre de l’agriculture, Michel Barnier évoque lui une situation « très grave ». Et visiblement, nous n’en sommes qu’au début de l’affaire. Le responsable de ce désastre bien plus redoutable que le cyclone qui vient de passer en Martinique et en Guadeloupe s’appelle le chlordécone. Il s’agit d’un puissant pesticide utilisé dans la culture de la banane. Ce produit pourtant interdit en France depuis 17 ans, à cause de sa dangerosité, a continué d’être répandu aux Antilles plus ou moins légalement jusqu’en 2002. Conséquence, la terre est polluée, l’eau est polluée, et la question de l’incidence sur la santé de l’homme est posée.

Et à en croire le Professeur Belpomme, c’est toute une population qui serait empoisonnée. Le cancérologue s’interroge sur le taux élevé de cancers de la prostate, sur le taux élevé de malformations congénitales et sur les risques de stérilité chez les enfants qui pourraient naître dans les années à venir. Pas d’interrogation en revanche sur le lien qui existe en le chlordécone et la leucémie car on sait qu’il est directement responsable du développement d’une sorte de cancer.

Alors certes, le passage du cyclone Dean peut être l’occasion de repartir sur des bases plus saines, comme le suggère le ministre de l’agriculture. La replantation doit se faire sans recourir à ces produits dangereux. Mais cela ne résoudra pas tous les problèmes et ne pourra empêcher les questions sur les responsabilités. Pourquoi avoir laissé les Antilles utiliser aussi longtemps le chlordécone ? Quelles sont les précautions à prendre pour protéger les enfants Martiniquais et Guadeloupéens ? Quelle est la responsabilité de la filière agricole dans cette affaire ? Et pourquoi enfin a-t-il fallu attendre l’arrivée au ministère de l’agriculture de Michel Barnier pour faire interdire le paraquat, autre pesticide, et qui lui aussi n’est pas très fréquentable pour l’homme ?
_ Et le Parti Socialiste entend bien trouver les réponses à toutes ces questions, puisqu’il vient de demander la création sur le sujet d’une commission d’enquête parlementaire.

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