Précarité alimentaire : "On est loin du compte, on peut chiffrer à 200 millions d'euros" les besoins pour 2023, selon le Secours populaire français
L'aide financière de septembre 2022 n'a pas suffi. Alors le Secours populaire français attend "avec impatience" les annonces d'Élisabeth Borne pour enrayer la précarité alimentaire, lors de sa visite d'une banque alimentaire à Reims (Champagne-Ardenne) jeudi 3 novembre. "On peut chiffrer à 200 millions d'euros" les besoins pour 2023, estime Jean Stellitano, secrétaire national au Secours populaire français.
"Il faut rappeler quand même que c'est le rôle de l'État de nourrir sa population, souligne Jean Stellitano. L'État doit aider ceux qui aident. On a eu une rallonge en septembre de 40 millions d'euros et on est loin du compte..."
Le secrétaire national au Secours populaire français discute de sa situation avec les autres représentants des associations d'aide alimentaire. La vague de demandeurs ne cesse de grandir avec l'inflation des prix à la consommation, fixée par l'Insee en octobre 2022 à 6,2% sur un an. "On doit augmenter nos locaux, nos capacités de stockage, alors qu'on doit nous même faire face à l'augmentation des coûts de transport et de l'énergie", raconte Jean Stellitano qui prévoit "des mois très difficiles" si une aide financière de l'État n'arrive pas très vite dans les caisses des associations humanitaires.
Les files s'allongent devant les locaux de l'association
Avec l'inflation, les files de bénéficiaires s'allongent devant les locaux du Secours populaire. "On a 15% de personnes en plus sur nos antennes et fédérations, mais ça n'arrête pas d'arriver", regrette le secrétaire national au Secours Populaire Français. Ce qui le désole, ce n'est pas le nouveau public, mais "des gens qui avaient retrouvé de l'autonomie l'année dernière, où il y a deux ans et qui, malheureusement, sont obligés de revenir pour nous demander de l'aide. C'est terrible pour les bénévoles qui ont le sentiment de revenir à la case départ." Jean Stellitano rappelle que l'inflation globale est certes à 6% en ce moment, mais elle est à deux chiffres pour certains produits d'alimentation : "15, 20% d'augmentation sur les produits de base, c'est ce qui impacte le plus les familles."
Parce que ce sont les familles monoparentales qui représentent le gros du contingent pour l'aide alimentaire au Secours populaire français, "70% sont des femmes avec enfants, même si on voit aussi des familles complètes arriver aujourd'hui", rapporte Jean Stellitano, qui n'oublie pas les étudiants, durement affaiblis financièrement depuis le début de la crise sanitaire. Une situation globale inquiétante juge le représantant de l'association humanitaire, aggravée par la "baisse des dons et des taux de collecte dans les supermarchés".
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