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Extractions judiciaires : l'administration pénitentiaire remplace policiers et gendarmes pour ces opérations sous tension

Faute de temps, police et gendarmerie ne s'occuperont désormais plus d'accompagner les détenus entre prison et tribunal. Un changement qui inquiète. 

Article rédigé par franceinfo - Margaux Stive
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Un véhicule de l'administration pénitentiaire. (MARGAUX STIVE / RADIO FRANCE)

C'est un moment très risqué, celui dans le parcours d'un détenu durant lequel le risque d'évasion est le plus important. Les extractions judiciaires étaient jusqu'à ce lundi 4 novembre assurées par les forces de l'ordre. Mais, faute de moyens, policiers et gendarmes seront désormais déchargés, remplacés par des membres de l'administration pénitentiaire. 

>> À lire aussi. Tout l'enjeu du trajet, c'est de "ne pas s'arrêter" : on a suivi l'extraction judiciaire d'une détenue entre sa prison et le tribunal

Des dizaines de milliers d'extractions judiciaires sont réalisées chaque année, 63 779 en 2017 selon les derniers chiffres disponibles. Le transfert de compétence a pris du temps, il a commencé en 2011, région par région. À partir de ce lundi matin, c'est le cas partout en France.

Un système pas encore complètement rôdé

Les problèmes ont commencé dès le début du transfert de compétence. Il n'y avait alors pas eu suffisamment d'effectifs basculés à l'administration pénitentiaire. Des centaines d'extractions judiciaires n'avaient alors tout simplement pas pu être réalisées. Fin 2016, c'est carrément une mission sur cinq qui a été annulée faute de personnel, avec des répercussions qui peuvent empêcher le bon fonctionnement de la justice, des audiences reportées, des détenus qui attendent des mois avant de rencontrer leur juge. Selon l'Union syndicale de la magistrature (USM), les conséquences peuvent être encore plus graves. Dans les Hauts-de-France par exemple, un homme arrêté pour agression sexuelle a dû être libéré faute d'avoir pu être amené à son procès en comparution immédiate.

Depuis, 1 650 postes ont été créés mais environ 10% des extractions ne peuvent toujours pas être réalisées. Un chiffre qui cache de grosses disparités entre les régions. En Bretagne, c'est près d'un tiers des transferts qui est annulé faute d'effectif, alors qu'en Île-de-France c'est seulement 5%. Depuis le début de l'année 2019, au moins huit détenus se sont évadés lors d'un transfert judiciaire ou médical.

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