L'ancien directeur de Fleury-Mérogis dénonce "ceux qui ont œuvré pour ne pas construire de nouvelles places de prison"
Les surveillants de Villepinte (Seine-Saint-Denis) bloquent la prison, jeudi, pour dénoncer les conditions de travail et de détention des détenus. Joaquim Pueyo, député PS et ancien directeur de la prison de Fleury-Mérogis, appuie leur demande de postes.
La prison de Villepinte, en Seine-Saint-Denis, est bloquée jeudi 13 avril par ses surveillants. Ils dénoncent la surpopulation carcérale, le manque de personnel et l'insécurité. Une quarantaine de manifestants ont mis le feu à plusieurs palettes pour bloquer les accès à la prison. Le taux d’occupation atteint 182%, avec 1 078 détenus pour 582 places.
"Ma prison va craquer" les surveillants de la maison d'arrêt de #Villepinte mobilisés pour dénoncer la surpopulation en #prison pic.twitter.com/rdkulox0VU
— Rémi Brancato (@RemiBrancato) 13 avril 2017
Joaquim Pueyo, député PS, est ancien directeur de la prison de Fleury-Mérogis. "Compte tenu de la surpopulation pénale, les surveillants ont raison de demander plus de postes, a-t-il réagi sur franceinfo, jeudi. On ne peut pas maintenir le nombre de surveillants dans un établissement qui a 140, 150, 180% de surpopulation. Leur travail est très difficile, très délicat. Ils n'arrivent plus à contrôler."
Depuis 1995, 10 000 places ont été construites
Pas assez de postes mais aussi pas assez de places en prison. C'est pour Joaquim Pueyo l'enjeu pour "que soient respectées les décisions judiciaires". L'ancien directeur de la prison de Fleury-Mérogis insiste : "Je voudrais ne pas remercier les politiques et les associations qui ont toujours œuvré pour ne pas construire de nouvelles places de prison. On voit le résultat : des tensions, des violences, des conditions de détention inacceptables pour les détenus, des conditions de travail des personnels plus que difficiles. On a construit 10 000 places depuis 1995, en vingt ans."
Il est temps de relancer un véritable programme si on veut que la prison ait un sens.
Joaquim Pueyoà franceinfo
"Les conditions de détention, les conditions de travail du personnel remettent en question le sens de la peine. La peine doit prévenir la récidive. Il faut prendre le dossier à bras-le-corps et vous verrez que la prison aura un véritable sens."
L'ancien directeur de Fleury-Mérogis a rappelé que "construire une prison, c'est long. Il faut entre cinq et six ans. C'est pour ça que je ne remercie pas les politiques qui ont toujours freiné la construction." Il prône le renforcement des "libérations conditionnelles, mais cela veut dire une préparation à la sortie avec davantage de personnel d'insertion et de probation." Il regrette que "le budget de la justice en France soit insuffisant. Il faut renforcer le budget justice, cela a été fait depuis quelques années, ce n'est pas suffisant, il faut plus de magistrats. Si on veut vraiment travailler sur la peine, il faut que les détenus soient seuls en cellule. C'est une loi de 1875, qui n'a jamais été remise en question mais qui n'a jamais été appliquée !"
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