Marseille : "Il y a un problème d'accès aux soins" pour les détenus atteints de troubles psychiatriques aux Baumettes
Les organisations de défense des droits de l'Homme dénoncent le manque de prise en compte des pathologies psychiatriques dont souffrent les détenus de la prison des Baumettes, à Marseille.
À Marseille, les suicides et tentatives de suicides de détenus de la prison des Baumettes inquiètent les organisations de défense des droits de l’Homme. Plus que les conditions de détention, c’est le fait que l’administration pénitentiaire ne tienne pas compte des rapports psychiatriques des prisonniers qui pose problème. Cela a de graves conséquences sur les détenus.
Dans les prisons et notamment aux Baumettes, de nombreux détenus souffrent de troubles mentaux. Selon maître Laurent Bartolomei, du syndicat des avocats de France, l'administration pénitentiaire ne les prend pas en considération. "Près de 30% de la population pénale souffre de troubles psychotiques", chiffre l'avocat qui assure qu'"il y a un problème d'accès aux soins."
Un détenu suicidaire traité comme les autres
Un exemple récent vient alimenter l'argumentaire des défenseurs des droits de l'Homme. Le 10 août 2017, Bilal Elabdani, 20 ans, s'est suicidé par pendaison dans sa cellule des Baumettes. Il était entré en détention la veille, avec un lourd dossier psychiatrique. "On est obligé de se poser des questions" sur le cas de Bilal, assure Laurent Bartolomei. Le représentant de la famille du jeune homme, Jérôme Pouillaude, dénonce, lui, de graves dysfonctionnements. Le premier est d'après lui que Bilal "ait été incarcéré en dépit de son état de santé psychiatrique, qui était connu de l'institution judiciaire". Autre problème selon maître Pouillaude : la détention de Bilal n'a pas été adaptée à son état de santé psychiatrique.
On a placé un garçon suicidaire en détention comme si celui-ci ne présentait aucun trouble, c'est-à-dire seul, avec sa fourchette, son couteau et le drap qui manifestement lui a permis de se donner la mort.
Jérôme Pouillaude, avocat de la famille Elabdanià franceinfo
Ce détenu, comme beaucoup d'autres atteints de troubles psychiatriques, n'aurait pas dû être en prison d'après les organisations de défense des droits de l'Homme et les syndicats de surveillants pénitentiaires. Ils expliquent qu'il n'est pas possible de gérer ces détenus dans de bonnes conditions. "On demande un renfort d'effectifs de surveillance mais un détenu qui souhaite mettre fin à ses jours le fera quoi qu'il arrive", assure Cyril Antolin, du Syndicat pénitentiaire des surveillants (SPS). Interrogée, la direction des Baumettes n'a pas souhaité répondre aux questions de franceinfo.
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