: Reportage Surpopulation carcérale à la prison de la Santé : "On ne peut plus gérer", confie le directeur à franceinfo
Malgré un important chantier de rénovation, le taux d’occupation de la prison de la Santé dépasse les 163 % avec 1153 détenus pour 708 places. À l'échelle nationale, le nombre de prisonniers a atteint un niveau record en France, dépassant les 70 000 pour 60 000 places.
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"Je peux savoir ce qu'il se passe ?" Le directeur de la prison, Bruno Clément-Petremann est pris au dépourvu. Il n'était pas prévenu de la visite de la délégation, composée de la bâtonnière de Paris Maitre Julie Couturier, son vice-bâtonnier, des membres de la commission de contrôle de lieux de privation de liberté, accompagnés du sénateur de Paris Remi Féraud (PS). Il accepte toutefois de mener la visite : "Une aile nord, une aile sud et à chaque fois, une cour de promenade qui dessert chacune des ailes.
"La nuit, il n'ose pas descendre pour aller aux toilettes, car il va marcher sur son collègue"
"On va aller voir une coursive normale, une cellule dans laquelle il y a un matelas", indique-t-il. Direction le QH5, le quartier des prévenus, ceux qui n'ont pas encore été jugés. Le surveillant ouvre la porte d'une cellule. Ils sont trois prisonniers à vivre ici, dans neuf mètres carrés. Un lit superposé, un matelas au sol, une douche et des toilettes. "Ils disent que c'est difficile, ils sont serrés", relate la bâtonnière de Paris Julie Couturier, qui vient de leur parler en huis clos.
"Celui qui est au-dessus dit souvent que la nuit, il n'ose pas descendre pour aller aux toilettes, car il va marcher sur son collègue, déplore Bruno Clément-Petremann. La conséquence, ce sont 113 matelas au sol. Moi j'alerte les autorités judiciaires parisiennes qui ont eux aussi leur contrainte, il y a une politique pénale, une opinion publique qui a une soif de sanctions, mais il faut entendre que nous, on ne peut plus gérer".
"Il y a des tensions partout, des bagarres en cellule, poursuit l'adjoint au bâtiment QH5, en tenue de surveillant. Quand ils sont enfermés 22 heures sur 24, automatiquement ça génère des tensions". Ces violences avaient disparu pendant le confinement avec seulement 580 détenus, soit deux fois moins qu'aujourd'hui. "On a vécu le paradis, un moment magique pour les prisonniers comme pour nous", ose le directeur.
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