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Témoignages "Une demi-heure de douche par semaine, c'est un truc de fou" : dans les prisons, la canicule rend la situation explosive

Températures étouffantes, manque d'hygiène, promiscuité...Le pic de chaleur attendu sur la France dans les prochains jour s'ajoute aux problèmes récurrents de promiscuité chez les détenus. franceinfo a recueilli leurs témoignages.

Article rédigé par Gaële Joly
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Les couloirs de la prison de Toulouse-Seysses (Haute-Garonne), le 10 mai 2022 (Photo d'illustration). (LIONEL BONAVENTURE / AFP)

Des draps humides aux fenêtres, des cellules inondées pour apporter un peu de fraîcheur... Alors qu'un nouveau pic de chaleur est attendu entre dimanche 17 et mardi 19 juillet, c'est le système D dans les prisons françaises. "Franchement, c'est dégueulasse, c'est invivable", souffle Samir. "Ils nous entassent comme des chiens. Je ne peux pas respirer dans une petite cellule, c'est comme ça, ils s'en foutent, on n'a pas le choix", dénonce ce détenu, emprisonné depuis 10 ans, et qui a déjà occupé 23 établissements."Tu vas te mouiller au lavabo, c'est chacun son tour, poursuit-il, il y en a qui prennent des bouteilles d'eau, ils se lavent dans les toilettes et s'arrosent." Les détenus appellent ça "une piscine en cellule".

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À mesure que le mercure flambe, l'exaspération monte. Iliès, en maison d'arrêt depuis plusieurs années, ne supporte plus le fait de ne pas pouvoir se laver autant qu'il le voudrait. Les détenus ne peuvent en effet pas prendre plus de trois douches par semaine, à raison de dix minutes maximum par session. "On attrape des boutons, on n'a pas d'hygiène, on sent mauvais, déplore-t-il. Vous vous rendez compte : une demi-heure de douche par semaine, c'est un truc de fou !"

Un "cloaque invivable"

À la prison des Baumettes, à Marseille, la situation est encore plus tendue qu'ailleurs. En cause : les fenêtres "anti-bruit", mises en place dans les cellules de 9 m². Objectif : réduire les nuisances sonores dont sont victimes les riverains de l'établissement pénitentiaire. Un dispositif inacceptable, selon Charline Becker, la coordinatrice pour la région sud-est au pôle enquête de l’OIP (Observatoire international des prisons). Elle fait le bilan sur les conditions de détention : "Les personnes détenues n'arrivent plus à respirer, l'air ne circule pas, les températures sont étouffantes".

Aux Beaumettes, les cellules sont exposées plein sud, très exposées au soleil donc. "La buée ne s'en va pas, le sucre fond, les odeurs stagnent parce que dans ces 9m², il y aussi des toilettes", explique Charline Becker. Des conditions qui, selon elle, créent un "cloaque invivable". À bout, certains détenus cassent ou essayent de démonter ces fenêtres, ce qui leut vaut des sanctions disciplinaires.

L'Observatoire international des prisons demande le respect du plan canicule en détention, déployé depuis 2003 dans les périodes de fortes chaleurs. Il prévoit notamment que les détenus puissent avoir des ventilateurs, et qu'on laisse leurs proches amener quelques bouteilles d'eau au parloir.

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