Quels effets pour la pénalisation des clients de la prostitution en Suède ?
Cela fait 16 ans que la loi suédoise punit les clients et non les prostituées. France 3 a enquêté à Göteborg.
Ce vendredi 4 mars est la journée mondiale de lutte contre l'exploitation sexuelle. A cette occasion, France 3 se penche sur la question de la pénalisation des clients de la prostitution. Ce débat revient en France régulièrement, mais il est difficile de faire passer une loi. Mais en Suède, c'est déjà le cas depuis 16 ans.
Dans le quartier de Rosenlund, à Göteborg, quelques prostituées - roumaines pour la plupart - arpentent les rues. Elles en ont le droit. En revanche, il est interdit d'acheter des services sexuels. Léna, prostituée suédoise, critique la législation qui punit les clients. Elle s'est déjà retrouvée dans des situations difficiles et "c'était terrible", confie-t-elle : "L'un d'eux était médecin à la retraite. Certains perdent leur boulot à cause de ça, peut-être que c'est la fin de leur mariage".
"Un effet très dissuasif"
La présence policière à Rosenlung a fortement réduit le nombre de travailleuses du sexe dans les rues. Depuis l'entrée en vigueur de la loi, seuls 200 clients ont été condamnés à payer des amendes. Il n'y a jamais eu d'emprisonnement, alors que la loi le permet. "Ça a un effet très dissuasif chez les clients potentiels, car il s'agit de Monsieur tout-le-monde. Ils ne font pas forcément partie d'un groupe criminel. Alors pour eux, l'idée de se retrouver au commissariat leur fait peur", explique Kristina Erenborg, procureur au tribunal de Göteborg.
Si les rues sont moins fréquentées par les prostituées, les annonces d'escorts sur le web se comptent par milliers. Internet est un territoire difficile à surveiller, où les échanges de prestations sexuelles s'organisent en toute discrétion.
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