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Vallaud-Belkacem : "derrière des violences faites aux femmes, il y a une insulte"

La ministre des Droits des femmes est venue défendre sa proposition de loi visant à pénaliser les clients des prostituées et a commencé son discours en arguant que la France n'était "pas un pays d'accueil de la prostitution".

Article rédigé par franceinfo - Agence AFP
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La porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem quitte l'Elysée, le 11 septembre 2013. (PATRICK KOVARIK / AFP)

La ministre des Droits des femmes, Najat Vallaud-Belkacem, a affirmé vendredi que la France n'était "pas un pays d'accueil de la prostitution", au début de l'examen vendredi à l'Assemblée nationale de la proposition de loi sur le sujet.

"Notre pays est vu par les réseaux de traite comme un pays qui refuse la prostitution" et ces réseaux, qui "se sont nourris des failles de notre législation", "nous regardent", a déclaré la ministre aux députés.

Ce texte, qui vise à sanctionner les clients, "est une proposition d'abolition de la prostitution", issue d'un travail dépassant "les clivages traditionnels" en politique, a-t-elle souligné.

"Je voudrais vous exhorter au débat le plus digne, le plus respectueux", a ajouté Mme Vallaud-Belkacem.

"Le sujet ça n'est pas la sexualité, nous ne sommes pas là pour faire la police des moeurs (...) Le sujet c'est l'argent qui nourrit le proxénétisme", selon elle.

La ministre a dénoncé "un système qui brasse dans le monde 40 milliards de dollars chaque année", et "n'existerait pas si à l'autre bout de la chaîne il n'y avait pas quelqu'un pour payer".

Le délit de racolage sera abrogé via cette loi, conformément à l'engagement de François Hollande, a-t-elle rappelé.

La ministre a rejeté une "loi cachée du monde" selon laquelle les femmes s'achèteraient, comme une "perpétuation du droit de cuissage".

"Filles de noces, filles de joie, enjôleuses" autrefois, mais "aujourd'hui on parle des Nigérianes, des Chinoises, des Bulgares... La prostitution a changé de visage", a-t-elle relevé.

"On parle de +putes+, ce mot a envahi notre vocabulaire" et "nous rappelle qu'au commencement des violences faites aux femmes il y a une insulte", a-t-elle aussi lancé.

"Ce sont d'abord des femmes et des hommes" qui "ont toute leur place dans la société", a-t-elle affirmé en présentant les alternatives à la prostitution que veut encourager la proposition de loi.

"La prostitution est en elle-même un drame sanitaire" et ces personnes "pourront bien plus que dans le passé être protégées", a-t-elle fait valoir, en soulignant le rôle des "acteurs de terrain" et des associations.

Quelque 20 millions d'euros par an viendront "soutenir cet accompagnement personnalisé" aux prostituées.

Le texte discuté à l'Assemblée vise à "lier efficacité et fermeté pénale à la protection des victimes" et le gouvernement y "adhère sans réserve dans toutes ses dimensions", a-t-elle conclu, chaudement applaudie.

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