Discriminations : des zones sans contrôles d'identité, "ça permettrait de sortir des fantasmes", plaide SOS Racisme
La plateforme pour dénoncer les discriminations et les violences policières est lancée ce vendredi. "Un point d'entrée supplémentaire dans l'accès aux droits pour les personnes qui seraient victimes", commente le président de SOS. Mais selon lui, "cela ne peut provoquer de changement profond que si derrière il y a un traitement pénal qui est efficace".
Claire Hédon, la Défenseure des droits, a proposé "d'expérimenter" des zones sans contrôle d'identité. "Ça permettrait de sortir des fantasmes", a considéré vendredi 12 février sur franceinfo Dominique Sopo, président de SOS Racisme. Une proposition faite alors qu'Emmanuel Macron lance vendredi une plateforme pour lutter contre les discriminations.
franceinfo : Est-ce que cette proposition de zones sans contrôles d'identité est une bonne chose selon vous ?
Dominique Sopo : Je pense que c'est une très bonne initiative parce que ça permettrait de sortir des fantasmes. On sait très bien que les contrôles d'identité sont, en très grande partie, inefficaces et que, dans bien des cas, on est plutôt sur une forme d'autorité qui doit se jouer à travers le contrôle d'identité et cette autorité va être profondément discriminatoire. Puisque certains disent que ce serait une catastrophe de ne pas faire de contrôles d'identité et bien regardons sur pièce et on en tirera le bilan et on verra ce que ça fait en terme de sécurité publique.
Concernant cette plateforme, est-ce que d'après vous c'est une mesure de plus qui se met en place au regard de tous les numéros verts qui se sont multipliés ces dernières années ?
Cette plateforme est un point d'entrée supplémentaire dans l'accès aux droits pour les personnes qui seraient victimes de discriminations donc de ce point de vue-là, c'est positif. Cette plateforme n'est pas totalement nouvelle puisque le défenseur des droits a déjà des lignes d'écoute, c'est déjà dans ses compétences. Là, ce qui serait nouveau, c'est davantage de moyens et une communication peut-être plus forte qui serait faite notamment autour des discriminations raciales. Autre point, les personnes qui seraient victimes de violences policières ou de racisme de la part de la police pourraient aussi saisir cette plateforme sur laquelle on ne tomberait pas sur des policiers mais sur des juristes.
"La plateforme ne va pas tout régler parce qu'une des problématiques, c'est qu'il y a de la part du ministère de l'Intérieur, un refus d'affronter les problématiques de violences policières et de racisme au sein de la police."
Dominique Sopo, président de SOS Racismeà franceinfo
Dès qu'on mentionne ce problème, on est 'anti-flic'. Il y a donc là quelque chose de profondément immature dans notre pays.
Selon vous, est-ce que les violences policières se sont multipliées ou est-ce qu'elles sont seulement davantage médiatisées ?
C'est dur à dire. Ce qu'on peut dire en tout cas, c'est qu'après 2015 et les attentats, il y a eu des embauches nombreuses de nouveaux policiers formés au lance-pierres avec des encadrements assez défaillants et sans doute avec des personnes qui avaient davantage dans l'esprit des envies d'en découdre. Après concernant la question, dans un cas comme dans l'autre, c'est inadmissible. La police est un corps très particulier avec un corporatisme très fort, typique des métiers dans lesquels il y a des dangers. La question, c'est comment fait-on quand on est face à un corps avec une telle omerta et un tel corporatisme pour régler ces problématiques. [Cette plateforme et cette accumulation de faits individuels] permettent de documenter et de montrer l'existence d'un phénomène. Ceci étant, ça dépendra de ce qu'en fera la défenseure des droits et cela ne peut provoquer de changement profond que si derrière il y a un traitement pénal qui est efficace.
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