Demande de démission de l'archevêque de Paris : "Il pouvait difficilement continuer", estime la rédactrice en chef à "La Croix"
L'archevêque de Paris vient de présenter sa démission au pape François, il s'exprime en longueur dans les pages de "La Croix".
Monseigneur Michel Aupetit "pouvait difficilement continuer", pointe Isabelle de Gaulmyn, rédactrice en chef au quotidien La Croix, invitée de franceinfo vendredi 26 novembre. L'archevêque de Paris vient de présenter sa démission au pape François, après avoir été mis en cause dans un article de l'hebdomadaire Le Point qui relate une relation que l'archevêque aurait entretenu avec une femme en 2012 et des problèmes de gestion de son archevêché. La Croix lui a donné la parole.
franceinfo : Que dit Monseigneur Aupetit dans les colonnes de La Croix ?
Isabelle de Gaulmyn : Il explique qu'il a remis sa charge au pape, non pas parce qu'il reconnaissait les faits, mais, dit-il, pour préserver l'unité du diocèse. Il est soupçonné d'avoir eu des relations avec une femme il y a quelques années et surtout il est mis en cause pour des problèmes de gestion dans le diocèse. Monseigneur Aupetit a le sentiment qu'il n'arrive plus à préserver l'unité du diocèse et que c'est devenu ingérable. Ceci dit, le pape n'a pas encore accepté sa démission. Il connaît Monseigneur Aupetit, il va discuter avec les gens de la curie romaine qui sont chargés de gérer l'Église. Peut-être qu'il va décider de ne pas l'accepter parce qu'il aura l'impression d'agir sous la pression de certains catholiques. Peut-être qu'après une discussion avec Monseigneur Aupetit, il trouvera que finalement la faute n'est pas si grave. Cela arrive assez souvent. Monseigneur Marx en Allemagne avait présenté sa démission pour bien d'autres raisons que cela, et le pape François l'avait refusée. Vous vous souvenez aussi du cardinal Barbarin, François avait d'abord refusé. On ne sait pas du tout ce que le pape François va faire. Mais s'il refuse sa démission, cela redonnera peut-être de la légitimité à Monseigneur Aupetit.
Le silence de Monseigneur Aupetit avait-il troublé ces dernières semaines ?
Oui, les gens se demandaient pourquoi il ne parlait pas. Il faut dire que la pression du diocèse était forte. Par exemple, Monseigneur Aupetit n'a rien dit sur le rapport Sauvé. Il ne peut plus parler. Il n'était pas archevêque d'une petite ville, mais l'archevêque de Paris, c'est quand même le principal représentant de l'Église en France. C'est vraiment un personnage important encore aujourd'hui, même dans un pays beaucoup moins pratiquante qu'autrefois. Dès qu'il y a une rencontre entre le président de la République et les religieux, dès qu'il y a un attentat, c'est l'archevêque de Paris qui y va. C'était quand même gênant qu'il ne puisse plus prendre la parole sur tous les sujets qui le concernent normalement. De plus, il va y avoir des décisions difficiles puisqu'il va falloir appliquer ce rapport Sauvé, trouver de l'argent pour indemniser les victimes. Il y a des choses à l'avenir très compliquées et dans la situation qui était la sienne, il pouvait difficilement continuer, me semble-t-il.
Diriez-vous qu'il existe à la fois une symbolique très forte du diocèse de Paris, et un contexte qui a renforcé la difficulté de gérer cette situation ?
Oui, c'est une symbolique très forte. C'est aussi le fait que les évêques en France insistent souvent sur la morale sexuelle des catholiques, ils leur demandent d'être fidèles au mariage, donc de ne pas avoir des relations à l'extérieur, etc. Il y a donc un problème de cohérence entre ce qu'il dit et ce qu'il est, et c'est ça qui peut troubler les catholiques. Disons aussi que si cette affaire arrivait à un prêtre, qu'il expliquait que c'était juste un mauvais passage, que depuis, les choses se sont arrangées, à la limite, il peut rester du moment que l'évêque est au courant, on passe l'éponge, en quelque sorte. Sauf que quand on est archevêque de Paris, il est compliqué d'avoir une telle affaire sur soi. Le moindre soupçon devient particulièrement pesant. Et puis, la gestion de Monseigneur Aupetit à Paris était assez contestée depuis déjà plusieurs mois. Il n'avait pas non plus des appuis en internes suffisants pour faire face à cette situation.
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