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Haut-Rhin : une victime présumée d'un prêtre pédophile témoigne après 50 ans de silence

Ces agressions se sont produites il y a 50 ans, selon la victime, qui s'est confiée à nos confrères de France Bleu Alsace. Au moment des faits, elle était adolescente et distribuait des bulletins paroissiaux.

Article rédigé par franceinfo - avec France Bleu Alsace
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Jocelyne (prénom d'emprunt) a accepté de raconter les attouchements sexuels répétés d'un prêtre du Haut-Rhin il y a plus de 50 ans. (Radio France - Solène de Larquier)

Une habitante du Haut-Rhin, en Alsace, témoigne mercredi 19 septembre au micro de France Bleu Alsace pour raconter les agressions sexuelles dont elle dit avoir été victime, perpétrées par un prêtre pédophile. Ces agressions se sont produites il y a 50 ans, selon la victime. L'homme d'Eglise qu'elle accuse est aujourd'hui décédé, selon nos confrères de France 3.

"Il commençait à me caresser"

Au moment des faits, Jocelyne (prénom d'emprunt) était adolescente et distribuait des bulletins paroissiaux. Elle dit avoir été agressée par le prêtre quand elle venait récupérer ces bulletins. "Il commençait à me caresser", raconte cette femme au micro de France Bleu Alsaceet à me parler de sexe et de masturbation, des trucs que je ne comprenais pas. J'étais d'une innocence pas possible. Et ça, il s'en est rendu compte et en a profité". La victime présumée évoque aussi "des attouchements".

Lorsque les faits se produisent, l'adolescente ne dit rien à personne : ni à ses proches, ni même aux médecins et psychiatres qu'elle consultera par la suite. "Je ne pouvais pas en parler, c'était impossible", explique-t-elle. Sinon, j'allais brûler en enfer."

J'étais tellement formatée et conditionnée. C’est un conditionnement je pense, un peu comme dans les sectes. Vous n’osez plus, vous n’avez plus la même notion.

Jocelyne

à France Bleu Alsace

A l'époque des agressions sexuelles, l'Alsacienne ne veut plus croiser le prêtre mais sa famille la renvoie régulièrement à l'église. "Il téléphonait chez moi pour que je vienne récupérer les bulletins paroissiaux. Ma mère me grondait et m'envoyait mais j'y allais à contre-cœur." Jocelyne finit finalement par partir vivre à Strasbourg à 16 ans, après trois hospitalisations parce qu'elle ne s'alimentait plus. Elle garde le silence jusqu'à ses 35 ans. "C'était à Pâques, mon père est venu me voir. Il m'a dit : 'Il y a des rumeurs chez nous... Est-ce que toi aussi ?' J'ai dit oui et je l'ai embrassé, rien de plus. Le soir j'en ai parlé à mon mari, qui n'était pas au courant." Aujourd'hui, Jocelyne est ferme quant à ce qu'elle ressent pour le prêtre qui l'a abusée. "J'ai mis de côté son autorité, je le vois simplement comme un homme avec ses faiblesses, qui est mort."

"Si ça peut aider les autres"

En 2016, les révélations concernant des affaires de pédophilie dans l'Eglise catholique l'incitent à parler. Jocelyne contacte celui qui est à l'époque l'archevêque de Strasbourg, Mgr Grallet. Il lui propose de la rencontrer : "Je lui ai dit que c'était du passé." Quelques temps plus tard, ils se verront quand même et l'archevêque lui présente ses excuses. "J'ai été choquée, ce n'était pas sa faute." Si elle témoigne aujourd'hui, c'est notamment grâce à la messe prononcée par le nouvel archevêque de Strasbourg le 7 septembre dernier. Mgr Ravel a, en effet, appelé à faire cesser l'omerta dans l'Eglise. "Si ça peut aider les autres", dit Jocelyne. Deux de ses proches lui ont parlé d'agressions similaires par le même prêtre plusieurs années après elle. Au total, une trentaine de victimes se sont déjà fait connaître.

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