Pédocriminalité dans l'Eglise : un prêtre du diocèse de Tours reconnu coupable d'"abus sexuels sur mineurs" par le tribunal pénal canonique

Un prêtre du diocèse de Tours a été reconnu coupable d'"abus sexuels sur mineurs" par le tribunal pénal canonique national (TPCN), instance ecclésiastique qui juge les "délits" au sein de l'Eglise, annonce jeudi 28 novembre le diocèse dans un communiqué, consulté par France Bleu Touraine, et confirmant une information du Parisien.

L'abbé Tartu dirigeait les "Petits chanteurs de Touraine", une chorale catholique fondée en 1954 et qui a existé jusqu’à la fin des années 1990. 

Le tribunal canonique a été créé à la suite du rapport de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l'Eglise. Il a rendu sa première décision avec cette affaire. Condamné par l'instance catholique, le prêtre aujourd'hui âgé de 88 ans, a interdiction "perpétuelle de la célébration publique de tout acte liturgique et de tout sacrement et sacramental", à l’exception "du droit de célébrer la messe seul en privé", stipule le communiqué.

Il ne pourra pas non plus, et de manière "perpétuelle", "exercer tout ministère d’accompagnement spirituel de personnes mineures". Enfin, il est assigné à domicile "dans un lieu désigné par l’ordinaire du clerc", termine le communiqué.

Une "délivrance après des années de combats"

Pour l'une des victimes contactée par France Bleu Touraine, c'est un "énorme soulagement", une "délivrance après des années de combats" : "C'est pour nous, enfin, une vraie reconnaissance de notre statut de victime".

L'abbé Tartu est soupçonné d'avoir violé plusieurs choristes au sein des Petits chanteurs de Touraine, entre les années 60 et les années 80, à Tours, Loches et Amboise. Le collectif Voix Libérées, constitué d'ex-enfants abusés par l'homme d'église, doit tenir une conférence de presse vendredi.

Les condamnations ne sont en revanche que canoniques, les faits étant prescrits. Dans cette affaire, au moins une dizaine de plaintes ont été déposées devant la justice civile mais le délai est dépassé. Le parquet de Tours n'avait pu s'en saisir. Mais pour le collectif Voix Libérées, cette condamnation par l'Eglise ouvre droit à des réparations. Il a aussi espoir de voir s'exprimer d'autres victimes. 1 000 enfants sont passés par cette chorale pendant près de 50 ans, toujours sous la direction de l'abbé Tartu, rappelle France Bleu Touraine.