Violences sexuelles dans l'Eglise : "Des secrets bien gardés entre les évêques ou dans la hiérarchie de l'Eglise", estime l'Association Parler et revivre
Le président de la Conférence des évêques a annoncé lundi, que 11 évêques ou anciens évêques ont été "mis en cause" devant la justice civile ou la justice de l'Eglise pour des signalements de violences sexuelles.
"Des secrets bien gardés entre les évêques ou dans la hiérarchie de l'Église", a estimé lundi 7 novembre sur franceinfo Olivier Savignac, membre de l'association Parler et revivre, victime d'abus sexuels de la part d'un prêtre en 1993. Onze évêques ou anciens évêques ont été "mis en cause" devant la justice civile ou la justice de l'Église pour des signalements de violences sexuelles.
franceifno : Etes-vous surpris par ces nouvelles accusations ?
Olivier Savignac : C'est stupéfiant, on pensait que la remise du rapport de la Ciase [Commission indépendante sur les abus sexuels dans l'Église] était le point culminant et là on se retrouve encore avec des révélations stupéfiantes sur 11 évêques dont un qui est cardinal et aussi l'ancien président des évêques de France.
Qu'est-ce qui vous surprend le plus ?
Le nombre d'évêques et surtout le silence autour de ces 11 affaires. Même nous, nous n'avons pas su quoi que ce soit par rapport à ça. Cela veut dire que c'était des secrets bien gardés entre les évêques ou dans la hiérarchie de l'Église. Là, on peut se poser énormément de questions.
"On sentait bien qu'il y a des affaires qui sortiraient et qu'elles concerneraient sans doute des évêques, mais on ne pensait pas à ce point-là et ce n'est pas terminé."
Olivier Savignac, association Parler et revivreà franceinfo
Est-ce que c'est aussi parce qu'ils ont un poste plus important dans la hiérarchie de l'Église que les affaires qui les concernent mettent plus de temps à être découvertes ?
Bien sûr. Les évêques sont sur un piédestal, ce sont des personnes admirées qui sont plutôt vues d'en-bas. C'est une vitrine pour l'Église. Un évêque qui commet ce type d'acte, c'est écorner encore un peu plus la vitrine de l'Église. On voit tellement de scandales autour des prêtres, des religieux que cela commence presque à devenir banal, mais des évêques, ce sont quand même des têtes de l'Église qui tombent.
L'opération main propre est loin d'aller jusqu'au bout. Ces révélations interviennent après le choc de l'affaire Santier, cet évêque de Créteil, qui depuis un mois secoue l'Église catholique. Les responsables de l'Église décident enfin d'acter la transparence alors qu'elle aurait dû être actée dès la remise du rapport de la Ciase l'année dernière. On attendait la tolérance zéro, promise depuis 2005. Elle arrive aujourd'hui parce que l'Église est au pied du mur.
Est-ce qu'il y a encore beaucoup de chemin à parcourir ?
Sans mettre de pression nous n'y arrivons pas. Ce n'est pas normal. L'Église est l'institution de la morale, du salut, qui normalement doit protéger les plus petits. Mais en fait, elle devient démoniaque. Sans pression, sans affaires, qui peuvent faire basculer une tête ou une autre, il n'y a pas d'avancée.
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