Cet article date de plus de trois ans.

États généraux de la laïcité : "J'espère que nous pourrons débattre sereinement et s'écouter", dit Marlène Schiappa

"La laïcité, c'est un principe qui doit rassembler", insiste la ministre déléguée à la Citoyenneté.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 5min
Marlène Schiappa, le 14 mars 2021. (FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

"J'espère que nous pourrons débattre sereinement et s'écouter, parce que je crois que la laïcité, c'est un principe qui doit rassembler", a déclaré dimanche 18 avril sur franceinfo la ministre déléguée à la Citoyenneté Marlène Schiappa. Elle vient d'annoncer la tenue d'"états généraux de la laïcité" dont le coup d'envoi sera donné mardi. Il s'agira de "d'échanges, de groupes de travail", avec notamment une "grande consultation" auprès de 50 000 jeunes, essentiellement via la plateforme laicite.make.org.

franceinfo : À quoi vont ressembler ces états généraux de la laïcité ?

Marlène Schiappa : L'idée, c'est d'avoir jusqu'à l'été une consultation, des échanges, des groupes de travail. Il y aura d'abord un lancement au CNAM [Conservatoire national des arts et métiers] avec une conférence autour d'intellectuels qui représentent les différentes sensibilités autour de la laïcité. La laïcité, c'est un sujet de débat, de passion, et c'est bien normal. J'espère que nous pourrons débattre sereinement, s'écouter, s'entendre, parce que je crois que la laïcité, c'est un principe qui doit rassembler. Et puis, par ailleurs, nous lançons au CNAM, mardi, dans le cadre des états généraux de la laïcité, une grande consultation qui sera disponible sur laïcité.make.org. Le but, c'est d'écouter 50 000 jeunes en France pour entendre leur vision de la laïcité, mais surtout la manière dont on peut s'engager de manière concrète et collective pour faire vivre cette laïcité à la française. D'autre part, nous formons des groupes de travail et des cartes blanches données à certaines organisations. La Licra, par exemple, a déjà répondu présente, mais d'autres associations nous ont sollicités pour organiser elles-mêmes des étapes de ces états généraux.

Le débat sur la laïcité ne vient-il pas déjà d'avoir lieu avec le vote récemment de la loi contre le séparatisme et pour renforcer la République ?

Je crois que les débats autour de la laïcité ne se résument pas uniquement à des lois. Une fois qu'on a voté des lois, on n'a pas réglé l'entièreté des problèmes. On a posé au contraire un cadre et ensuite ce cadre, il convient de le déployer. Nous avons par exemple, avec ma collègue ministre de la Fonction publique, fait rentrer dans cette loi le fait de nommer des référents laïcité dans les administrations. Il convient maintenant d'animer ce réseau, de le former, de le déployer. Et ça, ça se fait ensemble et partout sur le territoire. L'idée, c'est donc d'accompagner le travail qui sera mené avec le projet de loi. Il nous reste encore beaucoup de choses à faire, comme le déploiement du contrat d'engagement républicain avec les associations.

N'est-ce pas pour vous un moyen d'occuper le terrain politiquement à quelques mois de la présidentielle, et de montrer que vous continuez à agir ?

On continue à agir sans cesse sur les questions de laïcité. Le président de la République a toujours défendu une ligne très claire en refusant d'être pris en tenaille entre, d'un côté, des identitaires d'extrême droite ou de l'autre côté des indigénistes ou des gens qui seraient complaisants avec certaines thèses. Donc, nous continuons ce travail qui est un travail sérieux, de terrain, qui se mène en collectif. Bien évidemment, c'est aussi un principe politique que la laïcité.

Éric Coquerel, député La France insoumise, vous soupçonne de vouloir instrumentaliser ce débat sur la laïcité, de diviser le pays et de notamment pointer les citoyens de religion musulmane ?

D'abord, je n'ai pas besoin de l'autorisation de monsieur Coquerel pour parler de laïcité. Je suis ministre en responsabilité, mon décret d'attribution me confie la défense du principe de la laïcité. Ensuite, je déplore que monsieur Coquerel critique une initiative qui n'a même pas encore commencé et sans manifestement, avoir lu l'interview que j'ai donnée au Journal du dimanche, où j'explique exactement le contraire de ce qu'il dit.

"Certains disent que la laïcité, c'est une arme contre les religions, rien n'est plus faux." 

Marlène Schiappa, ministre déléguée à la Citoyenneté

à franceinfo

La laïcité, en vertu de la loi de 1905, c'est aussi la liberté de croire ou de ne pas croire. La liberté de culte, c'est une liberté constitutionnelle. La laïcité doit nous rassembler et j'espère qu'avec ces états généraux de la laïcité, de manière posée, loin des invectives habituelles de réseaux sociaux, chacun pourra s'écouter autour d'intellectuels, de chercheurs qui ne sont pas forcément d'accord entre eux, mais qui vont pouvoir justement trouver les grands principes qui nous rassemblent.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.