Rencontre annuelle des musulmans de France : "le vote musulman n’existe pas"
À une semaine du premier tour de l'élection présidentielle, la politique n'est pas au cœur des préoccupations des participants à la 34e rencontre annuelle des musulmans de France qui se tient au Bourget tout le week-end.
La campagne présidentielle n'est pas au cœur des préoccupations des participants à la 34ème rencontre annuelle des musulmans de France. Cet événement est organisé par Les Musulmans de France, le nouveau nom de l'Union des organisations islamiques de France (UOIF) et se tient au Bourget en Seine-Saint-Denis du 14 au 16 avril 2017.
Ici, au Bourget, les visiteurs ne sont pas là pour parler politique. Ils viennent entre amis ou en famille pour assister à des conférences sur l'islam, visiter les stands des associations humanitaires ou faire du shopping. On est loin de la politique et c'est en raison du "contexte" estime Yassine, l'un des participants et membre d'une ONG. "Les journalistes ont un peu mauvaise réputation. Il y a beaucoup de manipulation. Du coup, c’est vrai qu’on se méfie parfois", confie-t-il.
De nombreux indécis
Beaucoup de musulmans se sentent stigmatisés depuis plusieurs années par les politiques. Dernière polémique en date : Marine Le Pen a réclamé la dissolution de l'UOIF. Amel tient un stand de henné, cette fonctionnaire affirme que son quotidien est marqué par cette stigmatisation. Elle raconte les "blagues" de ses collègues au travail : "Vous les musulmans, vous êtes des terroristes" ou encore "je vais regarder comment tu es habillée aujourd’hui, retire ton manteau, je n’ai pas confiance". Quelques mètres plus loin, Ali, lui, en a "marre" d'être un thème de campagne.
On veut que l’on parle de nous en tant que citoyens et non pas en tant que musulmans. Musulman n’est pas une nationalité.
Alià franceinfo
Dans les allées du Bourget, on rencontre de nombreux indécis à l'instar de Yassine qui, à 24 ans, n'a voté qu'une seule fois : "J'ai voté à gauche pour François Hollande, et c'est un regret total", dit-il. Il n'est pas sûr de voter à l'élection présidentielle cette année "parce que je ne me reconnais dans aucun des candidats malheureusement". Yassine regrette que le vote blanc ne soit pas reconnu, sinon, il l'assure, "je me serais déplacé". Et même si Marine Le Pen, la candidate du Front national, est au second tour, Yassine ne compte pas se déplacer.
Le vote musulman existe-t-il ?
Pour d'autres, au contraire, voter est l'occasion de se faire entendre. C'est le cas de Nada. Cette jeune étudiante de 18 ans, en première année de médecine, porte un voile et cela a orienté son choix : elle votera Benoît Hamon parce qu'il a affirmé que "certes, des filles sont forcées mais qu’il ne faut pas oublier qu’il y en a beaucoup beaucoup beaucoup, et maintenant ça devient la majorité des filles" qui portent le voile par choix. "Moi je l’ai porté par choix et justement mon foulard c’est ma liberté, c’est comme ça que je m’exprime."
Pourtant, le président de l'association des Étudiants musulmans de France, Iaad Ben Dhia, on ne peut pas parler de vote musulman : "Les musulmans ne sont pas un bloc homogène, c’est un bloc totalement hétérogène. Donc le vote musulman, pour moi, n’existe pas. Ce sont des citoyens français qui vont aller voter ou ne pas aller voter. Statistiquement, logiquement, il y aura autant d’abstentionnistes chez les musulmans que chez les non musulmans, les juifs ou les chrétiens"
Il faut dépasser cette chimère, cette idée reçue, de penser que le vote musulman existerait.
Iaad Ben Dhia, président de l'association des Étudiants musulmans de Franceà franceinfo
Pas question de parler de vote musulman pour ce jeune étudiant. Ce serait comme avouer que les électeurs musulmans sont des électeurs à part et c'est justement ce que ne veulent plus entendre ces Français.
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