: Reportage "C'est vraiment difficile d'acheter à manger" : une association met en relation des étudiants précaires et des particuliers donateurs
Lina, étudiante de 18 ans, court d'un bout à l'autre de la région parisienne, entre la faculté, son logement à une heure de là, et son travail au fast-food. Elle n'a pas les moyens de remplir le frigo : "En fait, je n'ai même pas de frigo, lâche Lina qui garde le sourire malgré tout. J'ai des problèmes avec ma propriétaire. C'est vraiment difficile d'acheter des trucs."
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Lina paye 450 euros de loyer. Elle mange souvent un biscuit et un café en guise de dîner. Lina prétend auprès de sa mère restée en Grèce que tout va bien. "Si elle découvre ma situation, elle va me demander de revenir", confie l'étudiante
La jeune femme a fini par contacter l'association Studhelp, où des particuliers préparent directement des paniers de courses, pour des étudiants en difficulté. Une donatrice lui demande la liste des produits dont elle a besoin avant de les lui apporter.
"Dans le panier, il y avait tout ce que j'avais écrit. Elle a rajouté des trucs : des crèmes hydratantes, du shampoing, des chocolats, des gâteaux… C'est vraiment gentil de sa part."
Lina, étudianteà franceinfo
Comme Lina, les trois quarts des 5 200 bénéficiaires actuels sont des étudiants étrangers, très précaires. Globalement, le nombre d'inscrits ne cesse d'augmenter, dit Florian Rippert, le président de l'association : "Avec le confinement, on avait 25 à 50 demandes d'étudiants tous les jours, maintenant on en a entre 50 et 100 demandes. Le but du concept, c'est de créer du lien entre l'étudiant et le donateur."
Parmi ces 4 500 bienfaiteurs, Béatrice Hétier-London, cadre de 60 ans, elle a fini par trouver "sa" formule, en aidant au fil des mois une dizaine d'étudiants : "J'ai cessé de faire des courses pour eux mais je leur ai proposé qu'on fasse les courses ensemble. Je leur disais en entrant au supermarché : 'On a un budget de 50-80 euros, avec ça vous faites ce que vous voulez.'" Des produits d'hygiène, de l'huile, de quoi petit-déjeuner. "Ils étaient contents. Ils étaient très bien élevés et ont dit merci. Il y avait parfois aussi de l'émotion."
"Ce n'est peut-être pas toujours simple de donner, mais souvent encore moins de recevoir ! Je fais ce que je voudrais qu'on fasse pour mes propres enfants s'ils étaient dans la mouise."
Béatrice Hétier-London, donatriceà franceinfo
L'association aide aussi les étudiants à trouver un stage ou un premier travail, tremplin vers la fin de cette précarité alimentaire.
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