Reportage "Il n'y a rien dans le frigo le matin, ma fille n'a pas de petit déj" : les bénéficiaires du Secours populaire à bout

Le baromètre annuel de l'association sur la pauvreté, publié jeudi, met en lumière une précarité grandissante.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Logo du Secours populaire français, le 11 septembre 2024. (ROMEO BOETZLE / MAXPPP)

La précarité augmente en France, c’est l’alerte lancée par le Secours populaire dans son baromètre annuel publié jeudi 12 septembre. Dans cette étude, les Français se disent désormais pauvres lorsqu’ils touchent presque autant que le SMIC, à 2 euros près, et deux tiers d’entre eux affirment connaître ou avoir connu une situation de pauvreté. Pour certains, l’aide du Secours populaire est indispensable comme devant l’une des antennes de l’association, dans le 12e arrondissement de Marseille.

Dans la file d’attente pour récupérer un colis alimentaire, Anna, 35 ans, vient pour la première fois. Depuis que son mari est tombé malade et ne peut plus travailler, sa famille ne s’en sort pas. "La vie est très chère. Avec l'inflation et tout… Tout est cher, confie-t-elle. Avec cinq enfants, imaginez-vous. Donc heureusement qu'ils sont là", dit-elle à propos du Secours populaire.

À côté d’elle, Nakara, auxiliaire de vie et mère de trois enfants, remercie aussi le Secours populaire. "Même quand je travaille, je n'y arrive pas, dit-elle. Je n'ai pas les moyens. Une femme seule, c'est très dur. Il n'y a rien dans le frigo le matin. Ma fille n'a pas de petit dej". Pas de petit déjeuner, ni de foot ou de karaté pour ses enfants cette année, elle a dû les désinscrire.

Près de 550 familles aidées chaque mois

Plus loin, Enrique, 80 ans plombier à la retraite, charge le coffre de sa voiture. "Depuis l'âge de 16 ans je travaille, j'ai arrêté il y a dix ans et avec ma femme nous avons 1 500 euros de retraite à deux pour vivre. On n'arrive plus à joindre les deux bouts, on n'en peut plus, on est à bout, avoue-t-il avec émotion. Je ne peux plus aller au restaurant, je ne vais plus au cinéma. On en est arrivés là, en 2024", regrette-t-il.

À la banque, on est à chaque fois à découvert mais on ne peut pas faire autrement. On n'arrive plus à vivre.

Enrique, bénéficiaire du Secours populaire

à franceinfo

Du côté des bénévoles, on voit les situations se compliquer. "Ça s'aggrave dans le sens où quand les personnes deviennent précaires, elles deviennent vraiment précaires et ça tend les situations", observe Monique, responsable de cette antenne. Ici, le Secours populaire distribue chaque mois un colis alimentaire à 550 familles.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.