: Reportage "Je ne peux pas me chauffer tout l'hiver, même à 18 degrés" : ces locataires en détresse sollicitent de l'aide pour lutter contre la précarité énergétique
Quand l'hiver devient un véritable enfer. La précarité énergétique touche plus d'un français sur six en France : quelque 12 millions de Français, davantage les femmes, ne parviennent pas à se chauffer correctement à cause d'un logement mal isolé ou d'un coût trop important de l'énergie.
Selon une étude menée en 2022 par la Fondation européenne pour l'amélioration des conditions de vie et de travail, les mères célibataires sont plus exposées aux conséquences de la hausse des prix de l'énergie. Mais des solutions existent : pour aider les plus précaires, certaines collectivités territoriales et associations organisent gratuitement des petits travaux.
"Les murs poussent vers l'intérieur"
Pour venir en aide à ces ménages en grande difficulté, le programme Slime, le Service local d'intervention pour la maitrise de l'énergie, est mis en œuvre localement par des collectivités territoriales. Il permet d'être accompagné dans les démarches ou encore d'obtenir du petit équipement pour gagner en confort et économiser l'énergie.
À Paris, Marie, mère célibataire de 44 ans, a décidé de solliciter service pour son appartement très mal isolé et face à la négligence de son bailleur. Lorsque Marie s'installe avec son fils adolescent, il y a quatre ans, dans son logement parisien situé au rez-de-chaussée, elle ne s'attendait pas à vivre un tel calvaire. Très vite, la quadragénaire a découvert "des moisissures sur les murs" : "Comme il y a énormément d'humidité, les murs poussent vers l'intérieur. La porte, majoritairement en bois, prend l'humidité et se décale... J'ai dû mettre du ruban adhésif, habituellement dédié aux fenêtres, en bas de la porte", décrit-elle.
Au fur et à mesure que les années passent, la situation se dégrade. Le mur devant sa porte d'entrée est complètement gondolé et mouillé "et comme la porte est en bois, elle prend l'humidité" se désole Marie, qui a dû mettre "du ruban adhésif, habituellement dédié aux fenêtres, en bas de la porte".
"Ce sont des travaux d'appoint, mais le problème est bien plus profond que ça"
Après avoir sollicité le Slime, service gratuit pour les Parisiens qui ont du mal à payer leurs factures d'énergie, Marie a reçu du petit matériel : "Quelques objets pour améliorer la consommation d'eau, des rideaux thermiques pour avoir un peu plus de confort au niveau des fenêtres qui n'étaient pas très hermétiques...", détaille-t-elle.
Marie a également pu bénéficier de l'aide de l'aide de l'association Les Compagnons bâtisseurs. Celle-ci est intervenue gracieusement pour réaliser des travaux temporaires, mais aussi, installer "deux radiateurs à inertie fluide dans le logement" explique Sorcha, animatrice habitat pour cette association, "parce que la locataire n'avait pas de radiateurs fonctionnels".
L'objectif est clair : "Essayer d'apporter un peu plus de confort thermique, de s'assurer que la qualité de l'air est bonne et de l'améliorer parce qu'on sait que les moisissures peuvent avoir un impact sur la santé...", décrit la bénévole.
"C'est essayer de mettre un pansement sur une situation à la fois de non-décence mais aussi d'insalubrité dans ce logement."
Sorcha, animatrice "habitat" pour les Compagnons bâtisseursà franceinfo
L'association le précise : l'intervention des Compagnons bâtisseurs ne remplace pas les travaux que devrait engager le bailleur. Lors des travaux, ils ont découvert, en grattant le mur, qu'il y avait une dizaine de centimètres à refaire. "Ma crainte, c'est que ça réapparaisse à un moment donné, glisse Marie. Ce sont des travaux d'appoint mais le problème est bien plus profond que ça".
La mère de famille l'admet : le coup de la facture énergétique l'inquiète également : "Le radiateur fonctionne pour essayer de maintenir une température correcte. Mais je ne peux pas me chauffer 24h/24 tout l'hiver, même à 18 degrés. Je ne pourrai pas assumer les factures d'électricité", confie-t-elle.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.