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Roms et gens du voyage dans la ligne de mire du gouvernement

C'est aujourd'hui que Nicolas Sarkozy doit présider sa réunion sur les Roms et les gens du voyage, réunion convoquée précipitamment, après la mort du jeune Luigi à Saint-Aignan. _ Un rendez-vous décrié par la gauche et les associations, qui dénoncent "stigmatisation" et "amalgames".
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Cette réunion sera consacrée, selon les termes du président, aux " comportements de certains parmi les gens du voyage et les Roms". Objectif : mener "la guerre" à la délinquance, "faire le point de la situation de tous les départements et décider les expulsions de tous les campements en situation irrégulière".

Ce raout sécuritaire a été convoqué après les violences à Saint-Aignan, dans le Loir-et-Cher, qui ont suivi la mort d'un jeune gitan, au cours d'une course-poursuite avec les gendarmes.

Le porte-parole du PS, Benoît Hamon, voit dans cet enchaînement "une stigmatisation scandaleuse". Le milieu associatif lui déplore "une approche ethnique de la délinquance".

"AMALGAME"

Si Roms et gens du voyage sont recensés dans une même case administrative, les deux termes renvoient à des notions totalement différentes.

  • Les Roms (ou Rroms) désignent à l'origine un peuple venu d'Inde et installé dans le reste du monde, sous les noms de Manouches, Tsiganes, Gitans, Sinti... C'est aujourd'hui le terme générique employé par les institutions européennes.
    _ Mais en France, ils désignent plutôt les Roms d'origine étrangère, venus essentiellement de Roumanie, Bulgarie et Yougoslavie, où ils étaient majoritairement sédentaires. Ils seraient en France une dizaine de milliers, vivant dans des camps de fortune essentiellement en banlieue parisienne.

  • "Les gens du voyage", en revanche, représentent une catégorie administrative française, qui date de 1972, et désigne les personnes exerçant des activités économiques ambulantes. Ils sont estimés à 400.000 dans l'hexagone. Les deux tiers sont sédentarisés. Et 95% sont citoyens français.

    "REJET"

    Le problème central des "gens du voyage", selon les associations, est celui de l'habitat. La loi Besson de 1990, améliorée en
    2000
    , a créé l'obligation pour toute commune de plus de 5.000 habitants d'aménager des aires d'accueil pour les voyageurs. Mais fin 2008, seules 42% des communes concernées avaient effectivement mis en place ces emplacements.

Dans un texte commun, plusieurs associations de défense des gens du voyage ont fait valoir que "la logique d'expulsion ne saurait être mise en avant sans faire écho aux carences des dispositifs d'accueil imposés par la loi". Elles déplorent aussi que ces gens du voyages, citoyens français pour la majorité, soient "toujours soumis à une législation d'exception ".

Coralie Guillot enfin, de l'association Parada qui travaille avec les Roms de Seine-Saint-Denis, est convaincue de connaître d'avance le résultat de cette réunion à l'Élysée : "Tout est déjà décidé : on n'a jamais vu autant d'évacuations que depuis deux ou trois mois ".

"STIGMATISATION"

"Les Manouches sont des Français comme les
autres depuis des siècles. Aujourd'hui on est dans une France d'écoute, il ne
faut pas qu'on tombe dans le rejet" : c'est le cri du cœur d'un cinéaste Tony Gatlif dédié à la cause rom. Il a signé une tribune lundi dans Libération.
_ Il explique que " dans toute l'Europe de
l'Est, les Roms fuient, parce qu'on leur fait du mal. L'Union
européenne doit sanctionner les pays qui les traitent mal. Expulser les Roms vers la Roumanie,
c'est comme boucher un trou quand il y a une fuite: il faut chercher la cause,
sinon l'eau reviendra".

Cécile Quéguiner avec agencesOeuvres liées

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