Témoignage "On chassait les Allemands de Paris" : le dernier vétéran de la 2e DB du maréchal Leclerc se souvient de la libération de Paris, il y a 80 ans

Résistant à 17 ans, soldat à 20 ans, Roger Le Neurès a participé au Débarquement en Normandie et a chassé les Nazis jusqu’en Allemagne. Franceinfo a rencontré ce héros de la Seconde Guerre mondiale.
Article rédigé par franceinfo - Jules Brélaz
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Roger Le Neurès, vétéran de la 2e Division blindée du maréchal Leclerc, le 11 juin 2024 à Epinal dans les Vosges. (ALEXANDRE MARCHI / MAXPPP)

La France commémore les 80 ans de la Libération de Paris toute la semaine du 19 août, jusqu’au point d’orgue attendu dimanche. Roger Le Neurès, 101 ans, a participé à ces combats qui ont duré du 19 au 25 août 1944. Il est le dernier vétéran de la 2e Division blindée (DB) du maréchal Leclerc. Franceinfo a recueilli son témoignage, chez lui dans les Vosges. 

À deux pas de l’esplanade qui porte son nom à Epinal, Roger Le Neurès habite au 2e étage sans ascenseur. Il nous accueille le sourire aux lèvres, regard bleu azur, des décorations et médailles un peu partout. "J'ai transformé mon bureau en musée", explique Roger Le Neurès, qui montre son ceinturon qu’il portait à 21 ans quand sa jeep entrait dans la capitale. "On chassait les Allemands de Paris, on les cherchait, raconte-t-il. C'est là qu'on a connu les barricades."

"J'étais sur mon automitrailleuse à mon poste de tireur. On a subi des tirs de mitrailleuses aux Tuileries, à la Gare du Nord, au Bourget. Mon automitrailleuse, c'est la première qui est montée au Mont Valérien quand le Mont Valérien s'est rendu."

Roger Le Neurès, vétéran de la 2e Division blindée du maréchal Leclerc

à franceinfo

Le combattant de la 2e DB se souvient ensuite de la liesse populaire : "On était envahi par une nuée de jeunes personnes qui nous sautaient au cou. On était assez généreux, on leur donnait du chocolat, des cigarettes américaines ou du chewing-gum. On était accueilli comme des libérateurs. On a été reçus dans une boîte à Pigalle qui s'appelait Le Grand Jeu. On a fêté Noël dans la boîte."

Une photo de Roger Le Neurès dans sa jeunesse, lors de la libération de Paris en août 1944. (JULES BRELAZ / RADIOFRANCE)

"La face cachée de la libération"

Des instants de joie, mais aussi d’horreur. "On ne parle pas beaucoup de la face cachée de la libération, raconte Roger Le Neurès. S'il y avait la liesse populaire, évidemment, nous avons été quand même les témoins de beaucoup de règlements de compte. Il y avait des femmes qui étaient arrêtées et qu'on tondait. Il y avait des vieux messieurs, bien souvent, qui étaient caillassés et battus. C'étaient des collaborateurs, mais bon, ce n’était quand même pas beau."

Quelques mois plus tard, Roger Le Neurès combat en Allemagne lorsque lui et ses compagnons apprennent la capitulation. "Dans les jours qui ont suivi, on a fêté ensemble la victoire avec du vin de la cave du maréchal Goering, ça ressemblait beaucoup au bon vin d'Alsace."

Roger Le Neurès, le dernier vétéran de la 2e DB du maréchal Leclerc, chez lui, dans les Vosges. (JULES BRELAZ / RADIOFRANCE)

Et quand on lui demande le secret de sa longévité à 101 ans : "C'est l'amour", répond Roger Le Neurès, qui avec son épouse Carmen fêtera ce samedi leurs 78 ans de mariage. "Si tous les gens s'aimaient, il n'y aurait pas de guerre. Aimez, aimez la vie."

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