7,2 millions de PV pour "micro-excès" de vitesse en 2020 : l'association 40 millions d'Automobilistes milite pour qu'ils disparaissent
C'est un motif d'exaspération pour beaucoup d'automobilistes. Les infractions pour les "micro" excès de vitesse, c'est à dire entre 1 et 5 km/h au dessus de la vitesse autorisée, représentent 58% des amendes, dénonce l'association 40 millions d'Automobilistes.
Depuis six ans qu'il est chauffeur de taxi, Sam l'affirme : "90% de mes PV sont pour des excès de vitesse de 5 km/h, 10 maximum. C'est toujours comme ça." L'infraction lui coûte 68 euros et un point en moins. "Les radars dans Paris qui sont limités à 30 km/h, qui nous flashent dès 31 km/h, je ne vois pas où est la sécurité là-dedans, c'est du vol !", dénonce-t-il.
Une exaspération partagée par l'association 40 millions d'Automobilistes. L'association s'appuie sur les chiffres de la Sécurité routière que vient de révéler le ministère de l'Intérieur, en réponse à une question au gouvernement posée il y a un an par Françoise Dumont, sénatrice LR du Var : si en 2010 4,7 millions de PV ont été établis pour ces dépassements, ce chiffre atteignait plus de 7,2 millions en 2020.
Pour Daniel Quéro, président de 40 millions d'Automobilistes, l'Etat devrait avoir d'autres priorités. "Le rapport de la Cour des Comptes, publié il y a un peu près un an, expliquait qu'il faudrait changer de logiciel et s'intéresser à d'autres causes, comme la prévention, la sensibilisation, et surtout la lutte contre l'alcool et la drogue", pointe-t-il.
Dans son rapport, le 1er juillet 2021, la Cour des comptes ne remet pas en cause les radars, "outil indispensable au service de la politique de sécurité routière" : "L’apparition en 2003 du contrôle sanction automatisé a permis d’obtenir des résultats incontestables, à un coût maîtrisé." Ce même rapport estime que "le modèle doit évoluer" et que "les modalités du contrôle automatisé doivent être clarifiées", pour être mieux acceptées. Et donc plus efficaces.
Pour la première fois, le ministère de l’Intérieur révèle que 58% des excès de vitesse verbalisés en France sont inférieurs à 5km/h
— 40 millions d'automobilistes (@40MA) April 27, 2022
Oui, vous avez bien lu.
➡ 6 PV sur 10 sont adressés non pas pour des excès de vitesse, mais pour de tout petits dépassements [#THREAD⤵️] pic.twitter.com/JKr5LEq14A
Supprimer les amendes pour excès de vitesse serait un mauvais signal envoyé aux conducteurs, estime Anne Lavaud, déléguée générale de l'association Prévention routière. "Vous allez toujours créer un effet de seuil supplémentaire : c'est-à-dire que vous allez être tolérant avec 5 km/h, et donc ceux qui roulent à plus de 10 km/h vont protester à leur tour, et dire qu'il n'y a pas de raison de les sanctionner non plus."
"Il faut respecter la loi, mais en revanche, il faut associer une pédagogie sur toutes les contraventions", ajoute Anne Lavaud. Pour ça, il faudrait que les PV arrivent plus rapidement dans les boîtes aux lettres des contrevenants. "Il faut réduire absolument le délai entre le moment de l'infraction et la réception de la contravention chez soi", admet Anne Lavaud. Actuellement, le délai est de plusieurs jours à plusieurs semaines.
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