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Contrôle technique pour les deux-roues : "Il y a d'autres manières de créer les bonnes conditions de sécurité", assurent des motards

Après la décision du Conseil d'État d'appliquer un contrôle technique pour les deux-roues de plus de 125 cm3 d'ici au 1er octobre 2022, de nombreux usagers ne cachent pas leur incompréhension.

Article rédigé par franceinfo - Antoine Jeuffin
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Une manifestation des motards en colère à Bédarrides, dans le Vaucluse, contre le contrôle technique pour les deux-roues, en avril 2021.
 (ISABELLE GAUDIN / RADIOFRANCE)

Éric roule à moto tous les jours et il assure "bien connaître" son engin : il est aussi mécanicien. Selon lui, s'astreindre à un contrôle technique obligatoire, "ça ne va pas servir à grand chose. Je ne vois pas l'intérêt", tranche-t-il. "D'un point de vue sécurité, je checke tout le temps. La carrosserie, c'est nous-même ! On a juste des équipements, on n'a rien d'autre si on tombe, c'est nous. Alors que dans une voiture, la personne est à l'intérieur et si ça cartonne, ça reste à l'extérieur", plaide-t-il, arguant que les motards sont déjà précautionneux.

Pourtant, le Conseil d'État a tranché mardi 17 mai 2022 : le contrôle technique des deux-roues de plus de 125cm3 doit s'appliquer et ne peut être décalé au-delà du 1er octobre 2022 pour les véhicules les plus anciens. Ce contrôle devait, selon une obligation européenne, s'appliquer au plus tard au 1er janvier 2022, mais le gouvernement avait décidé l'an dernier par décret de repousser cette obligation à 2023. C'est ce décret que le Conseil d'État a suspendu. 

Près d'1% des accidents dûs à une défaillance

Sans contrôle technique obligatoire quand on lui apprend la nouvelle, Paul, qui vient de garer son scooter en plein Paris, se met à souffler. "Ça va être un coût supplémentaire, et je suis contre. Je ne pense pas que les usagers de deux-roues vont faire cette révision et les trucs comme ça. Beaucoup le font de base car c'est plus dangereux qu'une voiture. J'ai d'ailleurs vu une statistique là-dessus sur la Fédération française des motards en colère qui disait, me semble-t-il que, 0,7% des accidents à cause d'une défaillance." Ce chiffe est en effet au coeur de la nouvelle campagne de la FFMC, s'appuyant sur le rapport MAIDS (Motorcycle Accident In Depth Study) sur des accidents de deux-roues motorisés dans cinq pays européens.

>> Contrôle technique des deux-roues : "C'est une victoire pour la santé publique et pour l'écologie", selon le directeur de l'association Respire

Bruno roule, lui, sur une 900 cm3 : il n'est pas totalement opposé à ce contrôle, mais reste très perplexe. "Le fait que la moto sorte d'un contrôle technique ne veut pas dire qu'il y aura moins d'accidents. Je ne vois pas le rapport direct. Leurs propriétaires font déjà très attention : les motos anciennes sont chères à entretenir, chères à conserver. Je ne vois pas pourquoi ces gens-là passeraient à côté de la sécurité sous prétexte qu'il n'y a pas de contrôle technique pour l'instant", insiste-t-il. Avant de mettre l'accent sur la prévention : "Travaillons plus sur les airbags pour les motards ! Travaillons sur les systèmes de sécurité ! Moi, j'ai un casque avec un système de lumière. Il y a d'autres manières de créer les bonnes conditions de sécurité pour les motards."

"Je vois bien le côté sécurité pour des véhicules anciens, mais dans le parc de motos en France aujourd'hui, y a-t-il vraiment autant de motos anciennes que ça ?"

Bruno

à franceinfo

Mais ce contrôle pourrait aussi être une "béquille" utile pour ceux qui débutent, lance Hugo en sortant sa grosse moto du garage. "Clairement, je pense que je pense que c'est une bonne chose. On est vulnérables en moto. Ça fait deux ans que je roule en 'gros cubes', je ne mets pas les mains dedans, j'ai des connaissances hyper limitées en mécanique. Quand je l'ai achetée d'occasion bien qu'elle soit récente, je n'étais pas serein de ne pas savoir quoi contrôler ou checker... Je pense que ce n'est pas déconnant que de faire un contrôle. C'est nécessaire", admet-il.

Reste plusieurs questions toujours en suspens : quels sont les critères qui entreront dans le cadre du contrôle, combien coûtera-t-il ? La Fédération des motards en colère veut contester en justice la décision du Conseil d'État.

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